Alors que l'Union européenne prend de plus en plus de mesures en faveur de la réparabilité des produits, Apple veut montrer qu'elle prend cette problématique à bras-le-corps. John Ternus et Lisa Jackson ont fait récemment une petite tournée des médias pour vanter les efforts environnementaux de la marque.
Dans une interview au site allemand t3n, le responsable de l'ingénierie matérielle insiste sur les avancées récentes de l'iPhone en matière de réparabilité. « [Sur l'iPhone 14 et le 14 Plus] nous sommes passés de l'architecture dite "bucket" à l'architecture "mid-chassis". Cela a considérablement réduit les coûts et la complexité de la réparation du dos en verre », explique John Ternus.
Grâce à un nouveau châssis central, le dos en verre de l'iPhone 14 et du 14 Plus peut en effet être remplacé sans avoir à tout démonter, ce qui facilite grandement l'opération et fait baisser drastiquement la facture : comptez 199 € pour une réparation du dos de l'iPhone 14, contre le double pour un iPhone 13 ou 12. Cette nouvelle architecture n'a toutefois pas encore été appliquée aux iPhone 14 Pro, dont il vaut mieux protéger le dos sous peine de payer une réparation très salée (599 € ou même 669 € pour le Max).
Le design interne complètement revu de l'iPhone 14 facilite les réparations
Apple a également revu son utilisation de la colle, l'un des pires ennemis des réparateurs, qui sert à fixer les batteries. Il y en a toujours, mais sous une forme différente depuis plusieurs générations d'iPhone. Il s'agit de bandes adhésives qui peuvent être assez facilement enlevées en tirant sur leur languette. La batterie des MacBook Pro 2021/2023 et du MacBook Air M2 se retire simplement grâce à ce changement également. Pas question en revanche de supprimer totalement la colle, car en maintenant solidement la batterie en place, elle réduit considérablement les problèmes de fiabilité, soutient le Senior Vice President.
Le fabricant californien peut-il pousser cet effort de réparabilité jusqu'à rendre l'iPhone modulaire, à l'image d'un Fairphone dont les principaux composants se remplacent tous très facilement ? John Ternus écarte cette idée : « L'objectif est de fabriquer un smartphone qui dure longtemps. Et je pense que lorsque vous regardez un design modulaire, vous voyez les défis ou inconvénients associés. »
Les connexions entre les différents composants sont souvent la source de problèmes, argumente l'ingénieur en chef, « donc si vous avez plus de connexions, il y aura probablement plus de points de défaillance et l'appareil sera plus susceptible de tomber en panne. » Et d'ajouter que multiplier les connecteurs impliquerait d'utiliser plus de matériaux, ce qui irait à l'encontre d'une réduction de l'empreinte carbone. « Je crois que la voie que nous avons choisie et l'équilibre que nous avons trouvé en termes de durabilité et de réparabilité sont les bons », affirme-t-il.
Ce discours d'une intégration qui doit rester importante, John Ternus le tient également pour le Mac. Quand t3n lui fait remarquer que le passage à l'architecture Apple Silicon s'est accompagné d'une impossibilité de faire évoluer la mémoire après l'achat, le responsable du hardware ne se démonte pas :
Si l'on regarde l'historique des données, on remarque que dans la plupart des cas de pannes de mémoire, la connexion entre les composants est la cause du problème. Donc si vous avez tout dans un seul package, c'est très fiable. Les avantages en termes d'empreinte carbone, d'efficacité et de performances sont ce qui rend les Mac Apple Silicon si bons, et tout cela est dû à la conception qui intègre la mémoire sur le package.
La prochaine grande étape que s'est fixée Apple est de parvenir à la neutralité carbone complète d'ici 2030. « Complète », car si ses activités maison sont neutres en carbone depuis 2020, ce n'est pas encore le cas de toutes celles menées par ses nombreux sous-traitants impliqués dans la fabrication de ses produits.
Fairphone : « nous devrions avoir des téléphones à la fois durables et réparables »