Ce n'est pas vraiment une nouvelle : la situation sur les chaînes de production d'Apple est plus que complexe depuis quelques mois. La demande est haute et les usines n'arrivent pas à suivre. Cupertino a déjà annoncé que ces difficultés ont représenté un manque à gagner de 6 milliards de dollars cet été, et la situation ne va pas s'améliorer pour le quatrième trimestre. Selon le Nikkei, au mois d'octobre, certains sites d'assemblage d'iPhone ont carrément arrêté temporairement leur activité, une première en plus de dix ans.
Au lieu d'avoir des heures supplémentaires, les ouvriers auraient eu des congés. Certains sites de Pegatron ou de Foxconn auraient fermé leurs portes plusieurs jours, alors que cette période est habituellement celle où les chaînes tournent à plein régime pour assurer les cadeaux qui se trouveront au pied du sapin.
Il y a plusieurs raisons à cela, à commencer par les problèmes d'approvisionnement. Dans le cas de l'iPhone 13, ceux-ci ne concernent pas forcément la puce A15 ou le modem 5G, mais plutôt de petites pièces « périphériques » qui ne coûtaient que quelques centimes il y a quelques années. Celles-ci sont présentes partout, dans les ordinateurs comme dans les appareils électroménagers ou encore dans les voitures. Évidemment, tous les fabricants se les arrachent, et les carnets de commandes sont pleins sur des mois, voire des années.
Apple s'en sortait bien sur ce plan-là jusqu'à présent. « La plupart des fournisseurs feront tout ce qu'ils peuvent pour soutenir Apple. Car s'ils ne le font pas, ils risquent de perdre les commandes et les attributions d'Apple au profit de leurs concurrents la fois suivante », a expliqué une source au Nikkei.
Mais cette force de frappe ne fait pas tout : le variant Delta a fortement touché les pays d'Asie du Sud-Est cet été, obligeant certaines usines à fermer temporairement leurs portes. En Chine, des coupures d'électricités ont contraint certains sous-traitants à arrêter la production. À ces problèmes s'ajoute celui du manque de main-d'œuvre, car les ouvriers ne restent pas forcément sur place pendant les fermetures et ne reviennent parfois pas quand la situation est revenue à la normale.
Avec toutes ces disparités dans l'approvisionnement, l'assemblage est difficile et contraint d'être arrêté temporairement. « Même si vous avez 99 % des composants sous la main, s'il vous manque un, deux ou trois composants, il n'est pas possible de lancer l'assemblage final du produit », a précisé un fournisseur d'Apple au Nikkei. Les constructeurs automobiles classiques sont également très touchés par ce problème, faute de pouvoir adapter leurs produits.
Pour tenter de résoudre cela, la Pomme a décidé de privilégier les chaînes d'iPhone 13, son plus gros gagne-pain, au détriment de celles d'iPhone 12, d'iPhone SE ou d'iPad. La production d'anciens iPhone aurait diminué de 25 %, et celles des iPad de moitié. Par conséquent, certaines tablettes, comme l'iPad 9 ou l'iPad mini 6, ne seront pas expédiées avant la mi-janvier.
Apple produit donc moins et perd des ventes. Au début du mois de décembre, la société s'apprêtait à fabriquer 83 à 85 millions d'iPhone, ce qui est bien loin des 95 millions initialement prévu. Selon les sources interrogées par le Nikkei, il va manquer à Apple environ 15 millions d'iPhone pour atteindre son objectif de 230 millions d'appareils produits fixé au début de l'année. L'impact financier de la pénurie sera visible en janvier, lorsqu'Apple publiera ses résultats pour le quatrième trimestre.
La production devrait ralentir après le Nouvel An chinois de février, car les ventes d'iPhone entrent généralement dans une période calme à ce moment-là. La situation sera-t-elle aussi compliquée pour l'iPhone 14 ? Les fondeurs les plus importants se sont lancés dans un plan d'extension très agressif pour pouvoir produire plus de composants. Cependant, les premiers effets ne devraient se faire sentir au plus tôt qu'en 2023.