Après un printemps difficile, les acteurs du reconditionnement ont relevé la tête pour finir l’année 2020 en beauté. C’est l’enseignement de la nouvelle édition du baromètre Recommerce par Kantar, qui montre que la pandémie n’a pas freiné la croissance du marché du smartphone d’occasion, qui dépasse le milliard d’euros, dont 700 millions pour le reconditionné (+25 %). Plus d’un tiers des Français ont désormais acheté un smartphone de seconde main.
Les reconditionneurs avaient abordé la pandémie avec prudence. Les acteurs français avaient reconstitué leurs stocks en début d’année, mais craignaient la rupture, alors que les ventes ont explosé avec la généralisation du télétravail. Après quelques soubresauts, les usines ont été adaptées à la situation sanitaire et l’activité a repris à un rythme soutenu (lire : notre visite de l’usine de Smaaaart). Recommerce a ainsi bouclé l’année avec un chiffre d’affaires en hausse de 9 %.
« Nous sommes donc satisfaits de la façon dont nous avons réussi à traverser cette première année marquée par le Covid-19 », déclare Pierre-Etienne Roinat, président de Recommerce, « le réflexe d’acheter reconditionné s’installe un peu plus chaque année chez les consommateurs français. Cela nous laisse donc très optimistes pour les années à venir. » Il faut dire qu’il reste encore de la marge : si la part des Français ayant acheté un smartphone de seconde main augmente de huit points pour atteindre 34 %, elle reste inférieure de quatre points à la moyenne suisse ou allemande.
L’étude de Kantar, réalisée en ligne auprès d’un panel représentatif d’un millier de personnes, montre que l’attrait du neuf ne se dément pas. Si 14 % des Français de 16 à 65 ans comptent se tourner vers les reconditionneurs pour acheter leur prochain smartphone, encore 82 % comptent acheter un téléphone flambant neuf. Les questions de la confiance envers le vendeur et de la visibilité sur la durée de vie restent des freins puissants.
Le prix est le premier des arguments en faveur du reconditionnement, et de loin (67 %), mais les préoccupations environnementales s’installent dans le trio de tête (39 %). Les sondés assurent préférer les revendeurs spécialisés (58 %) aux places de marché (46 %)… mais en pratique, les Français favorisent nettement BackMarket. L’étude confirme toutefois l’ascendant pris par les professionnels (env. 70 %) sur les ventes entre particuliers (env. 30 %).
Doucement mais surement donc, le reconditionnement s’installe dans le paysage. Mais alors que les plateformes de collecte avaient révélé l’existence du marché de la seconde vie au grand public, la reprise des vieux téléphones n’a jamais été aussi difficile. Une étude réalisée en 2019 par le groupe Sofies, en partenariat avec Apple et Samsung, estimait qu’environ 110 millions de téléphones dormaient dans les tiroirs des Français.
Près de la moitié des sondés préfèrent conserver leur ancien smartphone, dont plus du tiers au cas où leur nouveau téléphone tomberait en panne. Si 35 % des Français assurent vouloir revendre leurs anciens appareils, à peine le quart le font vraiment. La crise sanitaire n’a rien arrangé : « avec le confinement et les magasins fermés », explique Benoit Varin, cofondateur de Recommerce, « nous avons connu une baisse du volume des reprises en France de 32 % au cours de l’an passé. »
C’est l’un des paradoxes du marché. Alors que l’achat de matériel reconditionné s’effectue le plus souvent en ligne (79 %), une tendance accentuée par les fermetures répétées des magasins, la reprise s’effectue le plus souvent en magasin, notamment chez les opérateurs (39 %). Plus encore que « confiance », « simplicité » (de la reprise en main propre) et « confort » (de la commande en trois clics) sont les maitres-mots du marché.