Et un, et deux, et trois iPhone. L’iPhone 11, qui prend la suite de l’iPhone XR avec un deuxième capteur et trois coloris pastel. L’iPhone 11 Pro, qui justifie son épithète avec son troisième capteur et son écran OLED encore amélioré. Et l’iPhone 11 Pro Max, qui vous fera travailler votre souffle avec son nom à rallonge et votre poignet avec ses 226 grammes. Voici nos premières impressions après quelques heures d’utilisation, en attendant que vous puissiez vous faire les vôtres, à partir de demain matin et du début de leur commercialisation.
Alignées sur une table, les quatorze nouvelles références semblent sortir du même moule. « Encore heureux », me direz-vous, « elles ont toutes été dessinées à Cupertino ! » Mais ce n’était pas évident : l’iPhone 8 avait immédiatement été démodé par l’iPhone X, et l’iPhone XR pouvait nourrir des complexes technologiques face à l’iPhone XS1. Pour cette dernière année d’un cycle désormais trisannuel, Apple est finalement parvenue à dessiner une gamme progressive.
Cela tient peut-être à la nomenclature : le modèle le plus abordable n’est plus un iPhone à suffixe mais est tout simplement l’iPhone, dont dérivent les modèles les plus perfectionnés. Cela tient plus probablement au design : en même temps qu’elle souligne la fonction la plus importante de ces appareils qui ne sont plus des téléphones depuis longtemps, la « bosse » dorsale établit un air de famille. Reste que ces ressemblances ne font qu’accentuer les différences, plus sensibles qu’il n’y parait au premier abord.
Littéralement sensibles, même, puisque la première d’entre elles se fait sentir sous les doigts. Alors que le dos de l’iPhone 11 est toujours poli pour obtenir une finition brillante, celui de l’iPhone 11 Pro est traité chimiquement pour obtenir une fine texture dépolie. Comme la pomme et la bosse arborent une finition contrastante, mate quand le dos est brillant et vice-versa, les deux modèles sont le miroir l’un de l’autre. La mention « iPhone » disparait pour renforcer l’effet visuel de ces traitements, mais en Europe, le marquage CE vient tout gâcher.
Après quelques heures d’utilisation, il est difficile d’affirmer qu’une finition est moins glissante que l’autre. Je suspecte toutefois que la prise en main dépendra moins du traitement de surface que… de vos mains. Le verre texturé de l’iPhone 11 Pro glisse un peu moins que le verre poli de l’iPhone 11 sous mes doigts calleux, mais le bandeau en acier poli du premier glisse un peu plus que le bandeau en aluminium sablé de l’autre. Et comme on ne tient pas exactement le « petit » iPhone 11 Pro comme on tient le « grand » iPhone 11 Pro Max…
Les éventuels problèmes de préhension seront réglés par l’emploi d’une coque, mais cette année plus encore que la précédente, vous serez tenté d’utiliser votre iPhone comme Jony l’a conçu. Outre les sempiternels noir et blanc, et le rouge du programme Product Red, l’iPhone 11 est proposé dans trois nouveaux coloris. La mode est aux pastels : le jaune est plus clair et moins saturé que celui de l’iPhone XR, le violet est un mauve discret, le vert n’ose pas virer au jade.
Tout pro qu’ils sont, les modèles les plus chers osent la couleur. Si elles donnent toutes l’impression d’illuminer le verre dépoli, le « vert nuit » est particulièrement réussi. Indiscernable du « gris sidéral » sous une lumière rasante, il passe du British racing green au céladon selon la chaleur de l’éclairage. Les clichés du site d’Apple ne représentent que l’un de ses aspects, et les photos ne lui font pas justice. Disons que c’est un gris aux reflets verdâtres d’une grande élégance.
Avant même de démarrer les appareils, une autre différence saute aux yeux. Alors que l’iPhone 11 est fourni avec le bon vieux chargeur 5W et un câble Lightning vers USB-A, les iPhone 11 Pro sont fournis avec le chargeur 18 W de l’iPad Pro et un câble Lightning vers USB-C. La controverse naissante est probablement surjouée : lorsque l’on recharge son téléphone pendant la nuit, et que la batterie tient le coup toute la journée, la vitesse de charge importe peu. Au contraire ! Une charge plus lente est une charge moins agressive et donc meilleure sur la durée.
Or les batteries des iPhone n’ont jamais été aussi grosses, au détriment (tant mieux) de la finesse de l’appareil et (tant pis) de la fonction 3D Touch. Soyons bien clairs : la charge rapide offerte par le chargeur 18 W, qui permet de remplir la moitié de la batterie en trente minutes, est un confort appréciable. Mais le chargeur 5 W suffit largement au quotidien, et le chargeur 18 W peut toujours être acheté séparément, l’iPhone 11 étant compatible avec la charge rapide comme ses prédécesseurs2.
Mais démarrons ces appareils : l’iPhone 11 reprend l’écran « Liquid Retina » (LCD IPS) de l’iPhone XR, tandis que les iPhone 11 Pro héritent d’un écran « Super Retina XDR » (OLED) encore amélioré. Avec son taux de contraste qui atteint 2 000 000:1 et sa luminosité maximale de 800 nits3, ainsi que sa résolution de 458 ppp, l’écran des iPhone 11 Pro est superbe.
Cela ne veut pas dire que l’écran de l’iPhone 11 est affreux. Avec sa résolution de 326 ppp, sa luminosité maximale de 625 nits, et sa capacité à reproduire fidèlement les couleurs de l’espace P3, il reste le meilleur afficheur LCD du marché. Certes, la comparaison directe est forcément en sa défaveur, d’autant qu’il est encadré de bordures légèrement plus épaisses. Mais au quotidien, ce n’est pas le jour et la nuit.
Certains concurrents proposent des dalles plus définies, ou des bordures plus fines, mais aucun ne propose des écrans aussi équilibrés et aussi fidèles. C’est finalement Apple elle-même qui fournit le meilleur argument contre les écrans des nouveaux iPhone, avec la technologie ProMotion de l’iPad, mais les dalles OLED capables de résister à une fréquence de rafraichissement de 120 Hz sont encore rares.
Enfin, la plus grande différence réside dans le nombre d’objectifs. En ajoutant une deuxième optique à l’iPhone 11, Apple aurait pu privilégier le téléobjectif, commun depuis l’iPhone 7, mais a préféré le très grand-angle. C’est probablement le bon choix : il est facile de « zoomer avec les pieds », mais impossible de reculer lorsque l’on a le dos au mur. L’iPhone 11 Pro intègre le même objectif offrant un angle de vue de 120°.
Les optiques ne pourraient pas avoir la même épaisseur, qui s’ajoute à l’épaisseur de la « bosse » proéminente, sans avoir des spécifications différentes. Le très grand-angle possède ainsi cinq éléments, contre six éléments pour les deux autres objectifs. Le grand-angle (éq. 26 mm) ouvre toujours à ƒ/1,8, le téléobjectif (éq. 52 mm) ouvre maintenant à ƒ/2,0, une petite amélioration appréciable quand la lumière vient à manquer, et le très grand-angle (éq. 13 mm) ouvre à ƒ/2,4.
Alors que les concurrents alignent différents capteurs avec différentes optiques, proposant des qualités extrêmement différentes selon les distances focales, Apple utilise trois capteurs de 12 Mpx. Ces capteurs sont appariés à l’usine pour limiter les variations d’un objectif à l’autre, et permettre un zoom optique fluide. Pour autant, ces capteurs ne sont pas strictement identiques, et seul celui du grand-angle possède 100 % de focus pixels.
Pour finir ce jeu des sept erreurs, il faudrait encore remarquer que les trois appareils embarquent un modem 4 G LTE Gigabit, mais que les iPhone 11 Pro pourront atteindre 1,6 Gbit/s quand l’iPhone 11 plafonnera à 970 Mbit/s. (Du moins quand les réseaux seront aussi rapides. S’ils le sont un jour.) Ou que la norme IP68 signifie « résistance à l’eau jusqu’à deux mètres de profondeur pendant 30 minutes » sur l’iPhone 11, mais « jusqu’à quatre mètres de profondeur pendant 30 minutes » sur l’iPhone 11 Pro4.
Sur tous les autres points, les trois modèles sont identiques. Ils embarquent tous une puce A13 Bionic qui domine les autres puces mobiles de la tête et des épaules. Ils sont tous capables de se connecter aux réseaux Wi-Fi 6. Ils possèdent tous une deuxième antenne qui améliore la réception Bluetooth. Ils renferment tous la puce U1 dont on n’a pas encore commencé à imaginer les possibilités.
Et ils sont tous livrés avec iOS 13. Certaines nouveautés tiennent d’ailleurs moins du matériel que du logiciel. Ainsi, le nouveau capteur de 12 Mpx à l’avant n’est pour rien dans l’amélioration de l’angle et de la portée du système TrueDepth, qui tient d’optimisations logicielles. Vous voulez en savoir plus sur les performances, l’autonomie, la qualité des photos ? Rendez-vous dans quelques jours pour nos tests complets.
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Qui ne l’ont pas empêché de mener — et poursuivre — une brillante carrière. ↩
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Pour être tout à fait complet sur ce point : si je devais choisir, je ne demanderais pas le chargeur 18 W, mais une option pour ne recevoir aucun chargeur. Pour une entreprise qui prétend posséder une conscience écologique, Apple conserve quelques angles morts étonnants. ↩
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Et même 1 200 nits pendant la lecture de vidéos HDR ↩
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Le « 8 » de la norme IP68 correspond à une résistance « au-delà du mètre de profondeur ». ↩