Comment des composants de nouveaux iPhone s’échappent-ils des chaînes de fabrication plusieurs semaines avant l’annonce d’Apple ? En camion, par exemple. The Information relate l’histoire d’un employé de Jabil, un assembleur d’Apple, qui a volé mi–2013 des milliers de châssis d’iPhone 5c d’une usine chinoise. Pour ce faire, il a falsifié des documents et contourné les caméras de surveillance avec l’aide d’un agent de sécurité.
De fait, on a vu apparaître sur le web des photos et des vidéos du châssis de l’iPhone 5c plusieurs semaines avant sa présentation officielle. Certaines pièces provenaient peut-être de la cargaison du malandrin de Jabil.
Pour prévenir ce type de fuites malencontreuses — qui ne font donc pas partie du plan comm’ d’Apple, contrairement à ce que certains veulent croire —, Cupertino a mis en place la New Product Security Team, une équipe chargée de surveiller la sécurité des fournisseurs chinois. Car les voleurs ont plus d’un tour dans leur sac. Quand ils n’essayent pas de cacher des pièces dans l’armature de leurs soutiens-gorge, ils tentent de creuser un tunnel pour faire sortir discrètement leur butin.
Apple a imposé des règles de sécurité très strictes à ses fournisseurs, mêlant caméras de surveillance à reconnaissance faciale, détecteurs de métaux pour les poubelles, utilisation généralisée d’étiquettes inviolables, audits réguliers… Les contrôleurs d’Apple sont censés avoir accès à l’intégralité des usines, mais les sous-traitants ne l’entendent pas toujours comme ça. Samsung, qui fournit notamment l’écran des iPhone X, a refusé de laisser passer un responsable de la sécurité d’Apple au motif qu’il pourrait voler des secrets industriels.
Toujours selon The Information, les fournisseurs sujets à des fuites s’exposent à des pénalités de plusieurs dizaines de millions de dollars, à l’exception de Foxconn, qui bénéficie d’un traitement spécial en tant que plus gros partenaire.
D’après les sources du site, Apple a réduit depuis l’année dernière son attention sur les fuites de composants, qu’elle a réussi à colmater au moins en partie, au profit d’enquêtes plus poussées sur les fuites de fichiers CAD, ces modèles 3D qui incluent parfois les dimensions exactes des futurs iPhone. L’année dernière, de tels fichiers avaient révélé dès le mois de juin l’iPhone XS Max et l’iPhone XR.
Quand les fichiers CAD ne sont pas directement publiés sur internet, ils servent à réaliser des rendus 3D qui sont donc censés coller au plus près de la réalité. C’est ce qui s’est passé en janvier avec le triple appareil photo supposé des prochains iPhone qui a été soigneusement mis en image.
Des mesures sont déjà en place pour éviter la propagation de ces fichiers confidentiels. Ils ont une empreinte numérique qui permet de remonter à l’utilisateur et ils sont partagés en interne sur un réseau distinct du réseau principal. Est-ce que les efforts d’Apple suffiront pour couper court aux fuites ? Rien n’est moins sûr. Une note interne confidentielle révélée en 2017 indiquait néanmoins qu’il y avait désormais plus de fuites à Cupertino que chez les sous-traitants…