Cela a été la surprise du début de semaine : Apple et Qualcomm enterraient une hache de guerre soulevée à l’origine par le constructeur de Cupertino en janvier 2017. Dans la foulée, les deux (nouveaux) partenaires mettaient fin à toutes les poursuites intentées l’un contre l’autre et inversement dans le monde.
Aucune des deux entreprises n’a bien sûr précisé le montant du chèque qui a permis d’éteindre le contentieux. UBS se risque à un pronostic : le paiement unique versé par Apple, qui couvre le montant des royalties en souffrance, serait compris entre 5 et 6 milliards de dollars.
L’accord porte également sur une entente de six ans concernant les licences de brevet. Autrement dit, Apple va verser un certain montant à Qualcomm pour chaque iPhone vendu ; UBS estime la dime entre 8 et 9 dollars par appareil. Au début de l’aventure iPhone, Qualcomm avait obtenu une commission de 7,50 dollars par unité (à l’époque, Tim Cook avait bataillé, sans succès, pour abaisser cette somme à 1,50 dollar seulement !). Dans un communiqué, Qualcomm ne confirme rien, si ce n’est que l’accord « reflète la valeur et la force de [sa] propriété intellectuelle ».
L’encre était à peine sèche sur le contrat entre Apple et Qualcomm qu’Intel annonça son retrait du marché des puces 5G pour smartphones. Ne laissant plus guère que Qualcomm comme seul fournisseur crédible de modems 5G pour l’iPhone (Apple aurait tout de même tenté de se fournir chez Samsung, voire MediaTek).
Cette entente entre Apple et Qualcomm comporte aussi un volet sur l’approvisionnement de puces. Depuis fin 2018, la rumeur veut que la Pomme développe son propre modem, sous la férule de Johny Srouji, le patron des puces Arm du constructeur. Mais ce type de composant ne se crée pas sur le coin d’une table ou en claquant des doigts : cela nécessite de lourds investissements et l’implication d’une équipe chevronnée.
Une telle puce doit permettre à un smartphone de se connecter à un réseau (forcément) partout dans le monde, en tenant compte de spécificités locales et des capacités des opérateurs. Sans oublier les contraintes d’autonomie et la complexité de la gestion de la 5G. Apple aurait démarré le développement de son propre modem l’an dernier, il faut deux ans environ pour obtenir quelque chose qui tienne la route, plus un an et demi pour les tests, selon le calendrier établi par Bloomberg.
On comprend mieux dès lors pourquoi Apple s’est engagée pour six ans avec Qualcomm, avec une option d’extension de deux années supplémentaires. Plusieurs centaines d’ingénieurs seraient sur le pied de guerre à Cupertino, mais aussi à San Diego et à Munich ; ces équipes sont également chargées de l’intégration de la puce 5G de Qualcomm dans l’iPhone (lire : Apple travaillerait déjà sur l’iPhone 5G équipé d’une puce Qualcomm).