Les annonces autour des premiers smartphones 5G se précisent. C’est tout sourire que Pete Lau a déclaré lors du Qualcomm Summit que OnePlus allait lancer le premier smartphone 5G en Europe au premier semestre 2019. Même promesse de la part de Samsung, mais aux États-Unis. Dans le même temps, Xiaomi a présenté en Chine une version spéciale du Mi Mix 3 compatible 5G.
Et l’iPhone dans tout ça ? D’après Mark Gurman de Bloomberg, généralement bien renseigné, la génération 2019 d’iPhone ne sera pas compatible avec les réseaux 5G, synonymes de débits ultra-rapides et de latence ultra-basse. Si cela se confirme, les concurrents d’Apple vont assurément dénigrer les futurs iPhone sur ce point. Cela étant, cette lacune présumée ne sera sûrement pas dramatique. Elle pourrait même être parfaitement justifiée.
Des réseaux 5G embryonnaires
Plusieurs opérateurs de par le monde vont ouvrir leur réseau 5G en 2019. Mais comme pour toutes les nouvelles générations de technologies mobiles, la couverture sera minimale au début et il faudra des années pour que la majorité de la population soit couverte.
L’opérateur EE, partenaire de OnePlus pour le lancement de son smartphone 5G en Europe, devrait activer la 5G dans 16 villes britanniques en 2019, dont les plus grandes. En France, la 5G ne deviendra pas une réalité avant 2020.
Dire que lancer un iPhone 5G en 2019 est inutile parce que les réseaux sont inexistants à ce moment-là serait idiot. La durée de vie des iPhone ne se limite pas à un, deux, ni même trois ans. Les utilisateurs actuels d’iPhone 4S — il y en a — aimeraient sans doute pouvoir se connecter en 4G plutôt qu’en 3G.
Une intégration compliquée
Si l’iPhone 4S n’est pas compatible avec la 4G alors que d’autres smartphones sortis la même année le sont, c’est parce que l’intégration de la technologie n’était pas satisfaisante du point de vue d’Apple. Il en est de même pour le tout premier iPhone, qui savait seulement se connecter aux réseaux 2G. Dans le cas présent, intégrer la 3G aurait eu un impact trop important sur l’autonomie.
Le CEO de OnePlus, qui s’apprête donc à lancer un smartphone 5G dans les prochains mois au Royaume-Uni, ne dit pas autre chose à The Verge :
[La 5G] est beaucoup plus complexe que la 4G au niveau du terminal, cela représente un défi beaucoup plus important, en particulier concernant les ondes millimétriques (des fréquences extrêmes, entre 30 et 300 GHz, qui peuvent être utilisées de manière ponctuelle en 5G, ndr). À l’heure actuelle, il semble impossible de créer un joli smartphone haut de gamme [pleinement compatible avec la 5G].
C’est pourquoi le futur smartphone de OnePlus, pensé pour le réseau 5G sub–6 (sous les 6 GHz) de l’opérateur EE, ne devrait pas prendre en charge les ondes millimétriques.
Le Moto Mod 5G qui est compatible avec ces ondes aux fréquences extrêmes ne fait effectivement pas envie. Cette coque 5G destinée au Moto Z est très épaisse et l’intégration des antennes nécessaires (les ronds sur les côtés) est disgracieuse.
De plus, Qualcomm a présenté conjointement le Snapdragon 855 et la 5G, mais le modem Snapdragon X50 compatible 5G n’est pas intégré au système-sur-puce. Contrairement au modem 4G, il s’agit d’une puce à part entière. Ce n’est pas négligeable dans un appareil où l’espace est compté, même si l’iPhone utilise déjà un modem séparé des puces Ax. Qualcomm a d’ailleurs dû repenser l’architecture du smartphone pour l’adapter à la 5G.
Autre souci soulevé par le patron de OnePlus, « la 5G va rendre particulièrement difficile la création d’un terminal qui couvre les réseaux du monde entier, ou même juste la majorité du monde entier. »
De la même manière que les capacités 4G des terminaux ont évolué au fil des ans, les capacités 5G vont commencer « bas » et se perfectionner progressivement. Alors que l’iPhone XS peut atteindre 1 Gb/s en 4G et qu’on n’est pas très loin d’un modèle universel, il faut se souvenir que l’iPhone 5 était limité à 100 Mbit/s… et qu’il était incompatible avec la 4G française à l’époque.
Un prix supérieur
Enfin, comme toute nouvelle technologie, la 5G va représenter un certain surcoût à ses débuts. Pete Lau a surpris son monde en indiquant à The Verge que le OnePlus 5G allait coûter 200 à 300 $ de plus que les modèles 4G. Cette augmentation équivaut à la moitié du prix de l’actuel OnePlus 6T.
Qualcomm, qui pousse de toutes ses forces la 5G avant que la concurrence ne le rattrape, relativise cette déclaration : « des fabricants essaieront peut-être de monétiser autant que possible leur clientèle existante. À l’inverse, d’autres tenteront de gagner des parts de marché et se serviront du prix pour ça. » Le président de Qualcomm Cristiano Amon assure que la facture ne va pas grimper de 200 ou 300 $ chez tous les constructeurs.
OnePlus, qui s’est fait connaître avec ses smartphones puissants mais abordables, travaille d’ailleurs toujours sur un ou plusieurs appareils 4G, preuve que la 5G n’est pas l’idéal pour le moment.
La 5G en 2019 ne serait donc que de l’esbrouffe ? Non, cela va permettre aux ingénieurs de se familiariser tôt avec cette technologie qui est amenée à devenir prépondérante dans le futur, répond le dirigeant de OnePlus.
Les premières annonces des différents constructeurs laissent d’ailleurs plutôt entrevoir des modèles spéciaux pour la 5G, des vitrines technologiques réservées à certains marchés. Les futurs smartphones que Huawei, Samsung et compagnie veulent écouler à plusieurs dizaines de millions d’unités à travers le monde pourraient se contenter de la 4G.
En bref, cela n’aurait rien de surprenant que l’iPhone ne soit pas compatible avec la 5G dès l’année prochaine. Apple a toujours procédé comme cela, elle attend qu’une technologie soit un minimum mure pour l’intégrer. Sans oublier qu'Apple ne fait plus appel à Qualcomm pour les modems de ses nouveaux iPhone depuis leur brouille sur les royalties, et que le nouveau fournisseur, Intel, semble avoir un train de retard. « Faire les choses correctement nous importe beaucoup plus que de les faire en premier », soutient Tim Cook.