Dans ce qu'il est convenu désormais d'appeler l'affaire des batteries d'iPhone, l'association HOP — Halte à l’Obsolescence Programmée — a aujourd'hui porté plainte contre Apple France et auprès du procureur de la République de Paris pour « obsolescence programmée » ainsi que « tromperie ».
Dans les arguments qui sous-tendent sa plainte , HOP estime qu'Apple « a mis en place une stratégie globale d’obsolescence programmée en vue d’augmenter ses ventes, étant précisé qu’un iPhone neuf peut coûter jusqu’à 1 200 € ».
Pour l'association, Apple organise sciemment le ralentissement des iPhone déjà en circulation au moment même de l'arrivée de nouveaux modèles, avec le renfort d'importantes campagnes de communication :
[…] cette sortie est accompagnée d’une campagne marketing mondiale d’Apple avec une exposition médiatique et d’une intensité sans égale pour un produit de consommation. La stratégie publicitaire qui accompagne ces phénomènes contribue à inciter le possesseur d’un iPhone ralenti à se doter d’un appareil iPhone plus récent. Apple maîtrisant complètement le calendrier des deux opérations, l’éventualité d’une coïncidence doit être écartée.
HOP appuie une bonne partie de son argumentaire sur une étude américaine publiée en 2014 et conduite par une étudiante à Harvard. Celle-ci avait observé que la requête "iPhone lent" connaissait des pics dans les tendances de recherches sur Google, pile au moment de la sortie des nouveaux modèles.
Pour l'auteure de l'étude, cela pouvait être interprété comme les conséquences d'une action délibérée d'Apple, ou bien, comme le résultat de l'alourdissement du système au fur et à mesure de son évolution et de son optimisation à des modèles plus récents. Les utilisateurs d'iPhone étant prompts à tenir leur appareil à jour, l'écrasante majorité pouvait être confrontée au bout d'un moment à ce phénomène. Bien plus que sur Android où les mises à jour ne se font pas avec le même zèle que sur iOS (l'étude comparait avec des recherches sur les Galaxy Samsung et les constats n'étaient pas du tout similaires).
En résumé, on aurait soit un acte délibéré d'Apple pour ralentir les vieux modèles afin de pousser à leur remplacement, soit l'évolution malheureusement habituelle que connaissent les systèmes d'exploitation, qui ont plutôt tendance à prendre du gras qu'à s'affuter, et à peser plus lourd sur les performances des iPhone plus anciens. Pour HOP, c'est la première hypothèse qui tient la corde.
L'association espère faire jouer un article de 2015 du Code de la consommation qui dispose « qu'est interdite la pratique de l'obsolescence programmée qui se définit par le recours à des techniques par lesquelles le responsable de la mise sur le marché d'un produit vise à en réduire délibérément la durée de vie pour en augmenter le taux de remplacement. ».
La notion de durée de vie réduite est recevable, estime HOP, quand bien même le bridage système d'Apple ne stoppe en rien l'utilisation de l'iPhone. Il faut rappeler que ces ralentissements peuvent être supprimés par un changement de batterie (89 € chez Apple ou moins ailleurs), comme nous l'avons expliqué (lire J’ai accéléré un iPhone 6s Plus avec une nouvelle batterie). Par conséquent la durée de vie du téléphone n'est en rien altérée d'une manière irrémédiable. Il faut considérer cette "durée de vie" sous l'angle du confort d'utilisation, écrit pour sa part l'association :
Cette dernière doit être comprise comme la durée de vie durant laquelle on peut attendre une utilisation normale de son bien, selon les caractéristiques énoncées lors de l’achat du produit. Par exemple, si du jour au lendemain, notre voiture est bridée à 50 kilomètres heures ou alors que notre téléviseur en couleur ne fonctionne plus qu’en noir est blanc, alors il y a eu réduction de la durée de vie. Il en va de même pour un téléphone mobile qui voit sa performance nettement réduite du jour au lendemain.
Quant au délit de tromperie, HOP estime qu'Apple a gardé le silence sur la cause des ralentissements constatés par des utilisateurs alors qu'elle en était à l'origine. Sur ce point on peut s'accorder sur le fait que la communication d'Apple a été pour le moins mauvaise, pour employer un euphémisme.
L'association invite les utilisateurs d'iPhone à se manifester via un formulaire s'ils jugent être victimes de problèmes pouvant relever d'une obsolescence programmée.
C'est la première plainte déposée en France pour cette question des batteries, une autre l'a été en Israël et on en est à 10 aux États-Unis