Tony Fadell a partagé avec la BBC quelques anecdotes sur la création de l’iPhone. Lui qui fut l’un des artisans de l’iPod a dirigé l’une des deux équipes qui cogitaient sur le futur téléphone d’Apple. Ce n’est pas la sienne qui a eu gain de cause (il était parti d’une base d’iPod, sans utiliser OS X) mais il a suivi ce chantier de près.
Le prototype égaré
Il raconte par exemple qu’Apple a bien failli perdre un prototype du premier iPhone. Pas après avoir été oublié dans un bar comme ce fut le cas de l’iPhone 4, mais lors d’un voyage. En sortant de l’avion, Fadell s’est rendu compte que son iPhone avait disparu de sa poche.
« Je transpirais à grosses gouttes », raconte-t-il, car il allait devoir expliquer cela à Steve Jobs. Finalement, au bout de deux heures d’une recherche dont certains des participants avaient été maintenus dans l’ignorance de ce qu’ils devaient retrouver, le prototype fut localisé entre deux fauteuils. Il avait simplement glissé de sa poche.
La voiture dévalisée
Autre frayeur, un jour à Malmö en Suède. Fadell et d’autres employés d’Apple se promenaient un peu partout dans le monde pour rencontrer des spécialistes en télécom et téléphones. Un soir, alors qu’ils s’étaient arrêtés moins d’une demi-heure pour se restaurer, le contenu de leurs véhicules fut dérobé. Tout avait été emporté, pas un seul bagage ou sacoche n’avait été laissé. « On pouvait jurer qu’il s’agissait d’espionnage industriel [car] ils savaient que l’on préparait un téléphone », se remémore-t-il. Par chance, il n’y a avait pas beaucoup de secrets d’enfermés dans ces bagages.
Un clavier physique banni par Jobs
L’iPhone devait-il ou non avoir un clavier ? On se souvient que durant la présentation de l’iPhone, son absence était présentée comme une évidence par Steve Jobs. « La bagarre autour de cette question a duré environ quatre mois, se souvient Fadell. Cette situation était devenue très moche. »
Jobs était absolument pour la suppression du clavier et il avait décidé d’une règle à l’encontre de ceux qui ne partageaient pas son point de vue : « Tant que vous ne serez pas d’accord avec nous, vous ne reviendrez pas dans cette pièce. Si vous ne voulez pas être dans l’équipe, eh bien ne restez pas là ». Cela a eu pour effet de stopper net toutes les contestations sur cette question. « Une personne quitta la pièce et toutes les autres se mirent au garde-à-vous. »
Ce qui ne veut pas dire que tout le monde était convaincu. Certains restaient persuadés que c’était une erreur de ne pas faire comme BlackBerry, qui restait le modèle à battre : « Il fallait évaluer tous les risques qu’il y avait à n’utiliser qu’un écran tactile, et trouver une solution à tous les cas de figure ».
L’un des actes de désobéissance discrète à Steve Jobs fut de s’assurer, sans le lui dire, que l’iPhone marcherait quand même avec un stylet. Au cas où.
Nous savions que c’était la bonne chose à faire, même si la philosophie du produit telle que décidée par Steve était qu’il pouvait être utilisé uniquement avec les doigts. Nous savions qu’arriverait un jour où l’on aurait besoin d’un stylet. Nous l’avons fait en coulisses, sans qu’il le sache, sinon il m’aurait arraché la tête.
Le rire de Ballmer
Enfin, il y a eu ce rire de Steve Ballmer à l’annonce de l’iPhone et de son prix : « Il nous a bien fait rire. On a bien ri aussi de BlackBerry. Chaque fois que je conçois un nouveau produit — et j’ai appris ça de Steve Jobs — si les gens en place se marrent, si la presse se moque de vous, vous pouvez vous dire : "j’ai touché un point sensible" ».