L’Apple Watch Edition Series 2 en céramique est-elle une nouveauté saisonnière ou le prélude à une large utilisation de ce matériau par Apple pour ses iPhone et pourquoi pas ses Macintosh ? C’est la seconde option que développe Brian Roemmele après avoir compilé plusieurs pièces de ce puzzle.
Ce nouveau haut de gamme de l’Apple Watch (1 449 €, bien plus abordable que les précédentes Edition en or) servirait ainsi de test grandeur nature. Test d’une production en série pour ce matériau et test aussi de ses qualités de résistance via les clients/utilisateurs.
[MàJ] : rappel utile d'un de nos lecteurs. Apple emploie déjà de la céramique (vitrifiée) à grande échelle. Sur les iPhone 5, 5s et SE blancs, au dos, les deux pièces en haut et en bas sont dans ce matériau. Pour les modèles noirs, ces pièces sont en verre.
Apple a déjà procédé ainsi. Qu’on se souvienne de la mise au point des châssis unibody pour ses portables. Il a fallu déployer une armée de machines à commandes numériques pour réaliser une production qui allie haute précision dans l’usinage des pièces et volumes qui se comptaient en millions de pièces. Le MacBook Air a étrenné cette manière de tailler des blocs d’aluminium, puis elle a été appliquée aux MacBook Pro, aux iPhone, aux iPad et à l’Apple Watch.
Lorsqu’il a dévoilé cette Apple Watch Edition, Jeff Williams a parlé de l’utilisation d’un « matériau avec lequel [nous] avons travaillé depuis un certain temps déjà : la céramique ».
Ce n’était pas un vain mot. Comme le rappelle Brian Roemmele, on trouve un brevet d’Apple qui propose l’emploi de la céramique comme châssis d’un ordinateur, d’un PDA, d’un lecteur MP3 ou d’un téléphone, dès l’été 2006, c’est à dire un an avant la sortie de l’iPhone. Pour l’anecdote, le co-inventeur était Stephen Zadesky, l’homme qui pilotait jusqu’en ce début d’année le projet de voiture d’Apple.
Le document explique que la céramique permet de réconcilier ceux qui veulent des châssis plus fins et plus léger et ceux qui les veulent plus solides et rigides. En outre, elle a comme propriété d’être “transparente” pour les ondes radios. Un téléphone par exemple n’a plus à forcer la dose pour émettre ses ondes puisqu’elles rencontrent moins d’obstacles qu’avec l’aluminium. Sur le plan esthétique, c’est un moyen de se passer de ses dessins d’antennes passablement disgracieux.
Nouveau brevet, en février 2014, pour améliorer la qualité des pièces en céramique et ôter leurs imperfections. Enfin, jeudi dernier, au lendemain de la présentation de cette Apple Watch, un brevet datant d’août 2015 est publié. Il détaille l’emploi conjoint de la céramique et d’un polymère.
Seule, la céramique est décrite comme étant plus difficile à travailler que le plastique pour obtenir des formes complexes. Le brevet propose de mouler ensemble le châssis en céramique (d’un téléphone ou d’une montre) avec une pièce en polymère, laquelle se clipsera à une autre pièce de l’ensemble, celle contenant l’écran par exemple. Plus besoin de mouler séparément les pièces inférieures pour les coller ensuite, elle ne font qu’un.
Cette Apple Watch Edition utilise un mélange de « poudre de zirconium haute solidité et d’alumine », écrit Apple. Cela lui procure une grande résistance aux rayures, aux petits chocs et elle conserve sa brillance. Ce matériau peut être coloré directement dans la masse, des recherches avaient été même conduites pour le rendre transparent. Avec le renfort de l’alumine, il dissipe aussi mieux la chaleur que le métal seul.
Si l’on pousse les spéculations un peu plus loin encore, on peut penser qu’Apple est arrivée aux limites de ce qu’elle peut faire avec l’aluminium (l’épisode du bendgate en a été un exemple) et que la céramique pourrait prendre la relève.
Ce serait en outre un moyen de se distinguer maintenant que n’importe quel fabricant sait faire des smartphones en aluminium. Et puis, cette Apple Watch a beau coûter un peu cher, on est très loin des sommets atteints par les modèles or. En augmentant les volumes de production de coques en céramique, Apple baisserait mécaniquement ses coûts de production.
La grande question est de savoir comment se comportera la céramique de cette montre et si ce matériau se prête à une production dans les volumes et tolérances que requièrent les iPhone. La réponse, bien sûr, Apple l'a déjà. Jusque-là, les confidences à propos de l’iPhone de l’année prochaine avaient mis en exergue un retour au verre pour la partie arrière. Mais comme personne n’a vu venir cette montre en céramique, peut-être faut-il s’attendre à un virage dans les rumeurs. Cette montre a d’ailleurs comme un petit air de téléphone : feu l’iPhone 5c, dans sa version blanche.