Pegatron, le deuxième assembleur d’iPhone derrière Foxconn, a organisé pour Bloomberg une visite de l’un de ses sites à Shanghai en Chine. Une installation vaste comme 90 terrains de football raconte l’article, où de nouvelles procédures ont été mises en place pour éviter les dépassements horaires. Le maximum légal hebdomadaire est de 60 h en Chine, avec certaines industries où 36 h supplémentaires par mois sont autorisées.
Dans son dernier rapport sur les conditions de travail chez ses fournisseurs, Apple déclarait qu’ils respectaient la loi à 97 % au lieu de 92 % l’année précédente.
50 000 personnes assemblent des iPhone dans cette usine-ville où vivent et consomment les employés. Chacun a maintenant un badge relié à une base de données qui surveille les horaires en temps réel. Une alerte est automatiquement envoyée sur l’iPad des contremaîtres lorsqu’approche la limite des 60 h pour un ouvrier ou s’il a badgé six jours d’affilé.
Ce système empêche ensuite la personne de se rendre à nouveau sur les lignes de production jusqu’au prochain cycle. Ce qui n’est pas pour convenir à tout le monde, certains justement essayaient de cumuler les heures supplémentaires ou les périodes de travail le week-end pour améliorer l’ordinaire.
La principale critique émise dans l’article par une association de défense des travailleurs — China Labor Watch — est la faiblesse du salaire de base qui pousse justement des personnes à vouloir travailler plus mais qui s’en trouvent maintenant empêchées.
Observant les nouveaux terminaux sur lesquels les employés peuvent maintenant voir leur paye et leurs dépenses de vie courante, le journaliste a constaté que la personne qui était chargée d’en expliquer le fonctionnement aux nouveaux percevait 2 020 yuans par mois (environ 280 €). Sachant que les iPhone qui sortent de ces usines coûtent au minimum le double.
En comptant les heures supplémentaires occasionnelles, les personnes affectées à l’assemblage des iPhone ont un salaire moyen de 4200 et 5500 yuans (570 à 750 €).
L’article se fait aussi l’écho d’un désaccord entre China Labor Watch et Pegatron sur le calcul des heures, le premier reprochant au second de n’être pas aussi carré qu’il le dit. L’ONG montre comme preuve un gros millier de fichiers de salaires dont les montants donnent à penser que les ouvriers ont travaillé plus que les 60 h légales. Pegatron de son côté explique que ces fiches datent d’une période fériée durant laquelle les salariés étaient payés jusqu’à trois fois plus.
À en croire Pegatron, les défections sont en baisse depuis deux ans, avec 16 % de départs l’année dernière. Il s’agit pour ces énormes groupes d’arriver à garder leurs éléments alors que les personnels qualifiés pour les remplacer sont tout sauf disponibles en nombre illimité.
Cela passe par une amélioration du cadre de vie : Wi-Fi gratuit, salles de télévision, pressing et la possibilité d’emménager, moyennant finances, dans des dortoirs plus modernes. Une jeune femme de 30 ans, interrogée par Bloomberg, jugeait que Pegatron où elle a rejoint son frère, était un endroit plus « relax » que d’autres usines pour travailler. Car on n’y fait jamais plus de 60 h par semaine.
crédit photos : Bloomberg