Où s’en vont mourir les iPhone usagés ? Du moins ceux qui ont réussi à trouver le chemin de la filière de récupération et de recyclage d’Apple. Bloomberg a récemment donné quelques éléments de réponse dans un article. Il s’avère cependant que la Pomme est presque aussi secrète sur cette activité qu’elle l’est sur la naissance de ses produits.
En 2014, la Pomme a récupéré 40 600 tonnes de déchets électroniques. Elle travaille avec plusieurs spécialistes de la collecte et du désassemblage de produits informatiques un peu partout dans le monde : Li Tong Group, Brightstar Corp, TES-AMM et Foxconn. Apple est l’un des clients de ces groupes qui comptent aussi HP, Huawei, Amazon, Microsoft etc. Mais son cahier des charges est plus strict que la moyenne, explique l’un des interlocuteurs anonymes de Bloomberg.
Le processus démarre par la collecte des iPhone dans les Apple Store (mais aussi de téléphones et ordinateurs d’autres marques apportés par des clients qui basculent sur iOS ou OS X). La Pomme dispose depuis longtemps d’un programme pour reprendre du matériel d’occasion et l’échanger contre un avoir pour un nouvel achat (lire aussi Apple Store : les tarifs de reprise pour les iPhone abîmés).
Selon son état, l’iPhone sera confié à un spécialiste du reconditionnement qui le remettra en circulation. Sinon, il partira dans le circuit du recyclage. Bloomberg a pris l’exemple d’une usine de Li Tong à Hong-Kong, entièrement dédiée à Apple, où les iPhone trop abîmés ou trop anciens pour être revendus sont complètement détruits.
Si un poids X de téléphones entre d’un côté de l’usine, le même poids doit ressortir de l’autre, une fois les opérations terminées. Elles sont au nombre de 10, réalisées dans des locaux fermés où l’on va tâcher de récupérer 100% des éléments constitutifs de ces appareils.
Les composants mémoire ont leur contenu effacé, même chose pour les logos d’Apple. Il est interdit également de mélanger des rebuts de produits Apple avec ceux d’autres marques, d’où l’obligation d’avoir des installations spécifiques pour la Pomme. Cette dernière a ses propres employés qui surveillent le cheminement des produits dont elle reste la propriétaire.
Apple privilégie l’option de la destruction complète des iPhone et paye ses partenaires pour ce service. Les téléphones sont démontés, leurs pièces sont triées puis déchiquetées. L’or et le cuivre partiront chez les uns, le verre et l’aluminium s’en iront chez d’autres pour renaître sous la forme de nouvelles pièces. Les partenaires d’Apple prenant leur commission sur ces reventes.
Une solution moins coûteuse consisterait à recycler les composants encore en bon état de fonctionnement, explique une responsable de Li Tong. Le groupe conseille par exemple des fabricants sur leurs design pour faciliter leur recyclage à terme. On apprend ainsi que des caméras de téléphones peuvent équiper des jouets (comme de petits drones pour les enfants) et que les écrans des tablettes Surface de Microsoft se sont retrouvés dans l’équipement passagers de taxis new-yorkais.
Lisa Jackson, madame environnement chez Apple, a justifié ce choix de détruire complètement les iPhone usagés pour ne pas alimenter le circuit de la contrefaçon. Elle assure cependant qu’Apple planche sur la manière de réutiliser certains composants à l’avenir.
Dans ce secteur, la norme est de récupérer et recycler 70% du poids total des appareils sortis 7 ans plus tôt. D’après Lisa Jackson, Apple parvient à recycler environ 85% du poids d’un iPhone (et de téléphones concurrents), voire plus.
Dans le cas présent, cela signifie aussi que cette année, Apple devra collecter l’équivalent de 9 millions d’iPhone 3GS sortis en 2009/2010. Sachant que chaque année Apple a vendu à chaque fois (beaucoup) plus de téléphones, cette activité ne risque pas le chômage.
Source : Bloomberg