Liam, c’est le petit nom de la grande nouveauté de ce special event… un robot automatisant le démontage des iPhone. Non, vraiment, c’est sérieux : Lisa Jackson, la vice-présidente d’Apple responsable des questions environnementales et sociale, est montée sur scène pour parler énergie renouvelable et recyclage. Si vous doutiez encore que la firme de Cupertino comptait imposer le soft power californien par le biais de ses produits, cette courte présentation devrait finir de vous convaincre.
« Achetez un iPhone, sauvez la planète », a-t-elle failli dire. Si l’on peut critiquer sa vision très étriquée de l’économie du carbone (qui ne se limite pas au bilan de la fabrication et de l’utilisation des produits) et de l’impact environnemental (éoliennes, barrages et panneaux solaires ne sont pas des équipements neutres), il faut saluer les efforts d’Apple. Pas moins de 93 % de ses besoins énergétiques sont remplis par des sources renouvelables, et presque la totalité du papier qu’elle utilise provient de filières responsables ou recyclées.
Mais la presse mondiale attendait surtout la présentation de nouveaux bracelets pour l’Apple Watch. Beaux jours obligent, le nylon tressé est à la fête. (Ne dites pas NATO ou ZULU, qui décrivent des constructions de bracelets, mais bien « nylon ».) Apple ne proposant malheureusement pas de bracelet rayé façon James Bond, il faudra se contenter de sept couleurs unies, dont certaines très de saison.
Ce bracelet nylon est accompagné d’un « nouveau » bracelet à maille milanaise noire, ainsi que de nouveaux bracelets cuir et sport, dont un bracelet cuir rouge très seyant. C’était aussi dans l’air : l’Apple Watch est désormais proposée à partir de 299 $, une baisse de prix de 50 $ qui ne fait que refléter les pratiques commerciales des gros distributeurs américains, et qui permet de passer sous la barre psychologique des 300 $. La baisse n’aura peut-être pas le même impact en Europe, où la gamme commence désormais à 349 €.
À côté de cette nouvelle, l’annonce d’un « nouvel » iPhone passerait presque inaperçue. Il faut dire qu’il est petit, cet iPhone SE, avec son écran 4 pouces. Pourquoi diable Apple lance-t-elle un nouveau téléphone à écran 4 pouces en 2016 ? Parce qu’elle a vendu 30 millions d’iPhone à « petit écran » l’an passé, dont 10 millions à de nouveaux venus. De manière générale, encore 12,5 % des téléphones vendus dans le monde ont un écran de 4 pouces ou moins, selon Strategy Analytics.
Et il n’est pas dit que ce chiffre ne reparte pas à la hausse à la faveur de la présentation de ce nouvel iPhone : s’il a baissé ces dernières années, c’est aussi parce que l’offre s’est décalée vers de plus grands écrans, et que les plus petits téléphones sont rarement des monstres de performance. Ce n’est pas le cas de cet iPhone SE : c’est un iPhone 6S dans la peau d’un iPhone 5S (ou presque). Processeur A9 plus puissant mais moins gourmand, appareil photo 12 Mpx avec enregistrement 4K, 4G LTE à 150 Mb/s, Wi-Fi 802.11ac, il a tout d’un iPhone haut de gamme.
Mais il ne coûte que 489 € en 16 Go, et 589 € en 64 Go, le plus bas prix auquel un nouvel iPhone ait jamais été présenté. Ce n’est certes toujours pas un téléphone low cost — 60 % des téléphones vendus valent moins de 200 $. Mais Apple ne vend jamais que la moitié des téléphones de plus de 400 $ : elle a encore une marge de progression sur certains marchés intermédiaires comme celui du renouvellement payé en plusieurs fois, en Europe et en Amérique du Nord, ou celui de l’« entrée du haut de gamme », en Inde et dans certains pays africains.
Des marchés où l’iPhone 5s était encore en bonne position au milieu de l’année dernière, mais s’est effondré depuis la présentation de l’iPhone 6s. Que l’iPhone SE y rencontre le succès, et ne démérite pas ailleurs, et il présentera aussi l’intérêt d’étaler les revenus de la société sur l’année. Cette présentation à mi-cycle est d’autant plus importante que l’iPhone est le produit le plus sensible aux variations saisonnières, alors qu’il représente deux tiers de l’activité d’Apple.
Ce special event sert en quelque sorte à serrer les boulons et boucler la boucle : l’iPhone SE doit faire repartir l’entrée de la gamme iPhone, le nouvel iPad Pro 9,7 pouces finit de démontrer qu’Apple entend s’attaquer frontalement à l’ordinateur conventionnel avec sa tablette. Phil Schiller ne s’en cache pas : ce « petit » iPad Pro est présenté comme « la mise à jour ultime », aussi bien pour l’utilisateur d’iPad que pour le propriétaire d’un vieux PC.
Si les ventes d’iPad baissent depuis huit trimestres, ce n’est pas (seulement) que le produit ne convainc pas, c’est (surtout) que les nouveautés ne suffisent pas à pousser au renouvellement. Ce nouveau modèle adopte le même format 9,7 pouces que plus de 200 millions d’iPad en circulation, mais empile une somme de nouveautés fonctionnelles à même de tenter quelques utilisateurs d’iPad 4 ou d’iPad Air.
Ce petit iPad Pro a tout d’un grand — il possède le même processeur A9X, les mêmes haut-parleurs multidirectionnels, le même Smart Connector, et les mêmes puces réseau ultra-rapides. Bien sûr sa batterie est limitée à 27,5 Wh. Mais il se permet d’en remontrer à son grand frère — il inaugure une capacité de 256 Go, filme en 4K avec son capteur 12 Mpx (5 Mpx en façade au lieu de 1,2 Mpx) et embarque une nouvelle technologie d’écran.
Baptisée TrueTone, cette technologie exploite deux capteurs pour mesurer la luminosité et la colorimétrie ambiantes pour adapter celles de l’écran. Il ne s’agit pas de compenser pour maintenir une colorimétrie constante, mais de faire en sorte que le blanc de l’écran corresponde au blanc de l’éclairage ambiant, comme la couleur d’une feuille de papier prend celle d’une lampe. Ça, même le grand iPad Pro n’est pas capable de faire.
Comme l’iPhone SE, l’iPad Pro 9,7 pouces sera proposé en précommande le 24 mars, pour une livraison à partir du 31 mars. Comme l’iPhone SE aussi, il est décliné dans les quatre coloris désormais classiques chez Apple : argent, gris sidéral, or, et or rose. La gamme commence à 695 € pour 32 Go de stockage et finit à 1 205 € pour 256 Go de stockage et une puce cellulaire — auquel il faudra ajouter 109 € d’Apple Pencil et 169 € de Smart Keyboard si l’on veut le pack complet.
Voilà pour un résumé des principales annonces de ce special event. Pour plus de détails, consultez notre couverture complète sur MacGeneration, iGeneration, et WatchGeneration :
- OS X 10.11.4 est disponible : toutes les nouveautés ;
- Liam, le robot d’Apple qui démonte les iPhone ;
- CareKit, une plateforme open-source pour suivre la santé des patients ;
- iPhone SE : un iPhone 5s aux stéroïdes, à partir de 489 € ;
- iPhone SE : une Special Edition qui a la patate d'un iPhone 6s ;
- Quelles sont les différences entre les deux iPad Pro ? ;
- L'affichage True Tone de l'iPad Pro 9,7" est optionnel ;
- Nouvel iPad Pro, plus petit et mieux équipé que le grand ;
- iOS 9.3 est disponible : toutes les nouveautés ;
- Apple baisse le prix de l’Apple Watch Sport et ajoute des bracelets.
Si vous avez raté cette présentation, vous pourrez aussi la revivre en images sur LeKeynote.fr, et en vidéo sur le site d’Apple.