« Environ la moitié des 100 plus grandes enseignes américaines de distribution va adopter Apple Pay cette année, et beaucoup d'autres l'année prochaine », a récemment déclaré avec confiance Apple à Reuters. La partie pourrait être compliquée en réalité.
Moins d'un quart de ces 100 enseignes accepte le service de paiement mobile d'Apple actuellement, indique Reuters qui les a toutes sondées. Ça n'a rien d'alarmant, Apple Pay a été lancé seulement en octobre 2014. En revanche, à peu près deux tiers des commerces ne vont pas prendre en charge le service cette année. Et parmi eux, seulement quatre prévoient d'ajouter Apple Pay à leur moyen de paiement l'année prochaine.
Fin 2015, Apple risque donc de ne pas avoir enrôlé la moitié des 100 plus gros vendeurs aux États-Unis comme elle le voudrait. Ce n'est pourtant pas faute d'essayer. « Même après leur avoir fait part de notre refus, ils nous ont appelés et essayé de nous convaincre », raconte un commerçant démarché par Apple. Il n'y a même pas un « petit pourcentage » de ses clients qui ont demandé à utiliser ce service, justifie-t-il.
Autre pierre d'achoppement, l'accès aux données des utilisateurs. Les commerces voudraient avoir plus d'informations sur les transactions que ce qu'Apple Pay fournit actuellement. Le nom du client et son numéro de carte restent confidentiels, ce qui embête certaines enseignes qui se servent de ces données, croisées avec d'autres, pour mettre en place des promotions ciblées. Sûrement pour répondre à cette attente, Apple plancherait sur un programme de fidélité et de récompenses.
Autre épine dans le pied de Tim Cook, le concurrent CurrentC (qui connaît des débuts laborieux) qui va empêcher l'utilisation d'Apple Pay jusqu'en 2016. 19 enseignes sont concernées. À l'heure actuelle, seulement trois d'entre elles prévoient de prendre en charge Apple Pay quand la clause d'exclusivité expirera.
Enfin, il faut aussi convaincre les utilisateurs eux-mêmes de l'intérêt d'Apple Pay. D'après une étude réalisée en mars auprès de 1 000 Américains possesseurs d'iPhone 6, 15 % ont essayé le système, et seulement 6 % continuent de l'utiliser.
Si la partie n'est donc pas gagnée d'avance, Apple peut quand même se targuer de faire d'ores et déjà mieux que Google Wallet, lancé en 2011. « Au cours des six derniers mois, il y a eu plus de transactions réalisées avec Apple Pay, indique un analyste d'ITG. Google Wallet a comme calé. » C'est d'ailleurs pour cette raison que Google lance un nouveau système de paiement, Android Pay. Samsung va, lui aussi, bientôt sortir sa solution, Samsung Pay. À la bonne Pay, qui paiera la facture ?