Rick Osterloh, le patron de Motorola Mobility, a réagi aux propos tenus par Jonathan Ive à l'endroit d'un fabriquant de téléphones mobiles qui semble être sa société, nouvelle filiale de Lenovo. Dans le portrait du New Yorker consacré au patron du design d'Apple, Jonathan Ive prenait exemple d'une marque — dont il ne souhaitait pas que le journaliste cite le nom - en la critiquant sur son approche du design.
La valeur ajoutée qu'ils mettent en avant c'est de dire “Choisissez comment vous le voulez, vous pouvez prendre la couleur qui vous chante" et je trouve qu'en procédant ainsi, vous renoncez à votre rôle de designer.
En résumé c'est au designer de trancher parmi plusieurs choix et d'assumer ensuite sa décision auprès des clients. Dans l'univers du téléphone mobile c'est Motorola qui a le plus œuvré récemment pour proposer une foultitude d'options de personnalisation des coques et des couleurs de ses terminaux, avec le Moto Maker.
Si sa marque n'a pas été nommée, Rick Osterloh s'est néanmoins senti visé (et probablement à juste titre). Il a défendu l'approche de Motorola en articulant son propos autour du prix des téléphones. Une antienne souvent utilisée contre Apple et, on le voit trimestre après trimestre dans les résultats financiers, sans beaucoup d'effets.
Pour Osterloh, Apple pratique des tarifs « scandaleux » avec ses téléphones :
Notre manière de voir les choses c'est que le client devrait être directement associé au processus de design du produit. Nous rendons l'intégralité de notre gamme accessible. Et franchement, nous suivons une approche complètement opposée à la leur.
Motorola vend aujourd'hui des téléphones dont le moins cher, le Moto E de 4,3“, coûte à peine 99 euros jusqu'au Moto X de 5,2" à 479 euros dans sa version la plus simple. Motorola Mobility était encore dans le rouge lors du dernier trimestre fiscal annoncé début février, mais il avait vendu deux fois plus de terminaux (10 millions) qu'il y a un an.
Autre prise de position de Rick Osterloh, cette politique de prix élevés n'est pas tenable :
Nous observons une réelle dichotomie sur ce marché, où vous avez des gens comme Apple qui gagnent énormément d'argent et qui pratiquent des prix aussi scandaleux. Nous pensons que ce n'est pas ça l'avenir. Pour nous, l'avenir c'est de proposer une expérience aussi bonne tout en offrant un vaste choix aux clients et à des prix accessibles.
L'acte manqué de cette industrie, continue le patron de Motorola Mobility, est aussi sa meilleure opportunité. Il s'agit de faire de bons téléphones, abordables, pour des gens qui ne veulent pas dépenser des sommes folles « Un super téléphone et une excellente expérience mobile sur Internet ne devraient pas être un luxe coûteux. Cela devrait être un choix simple et donné à tout le monde ».
L'intention est louable mais le marché du smartphone est justement celui où l'on trouve aujourd'hui une ventilation extraordinaire de prix entre les téléphones et un ample choix de marques et de plateformes. Face à un choix abondant, les dernières ventes d'Apple témoignent que les modèles dits chers ne sont visiblement pas encore rejetés en masse par les consommateurs…