« Siri en 2014 est moins performant qu'il était en 2010 » juge Gary Morgenthaler, l'un des premiers investisseurs dans l'entreprise qui développa l'assistant entre 2008 et 2010 avant qu'Apple ne l'achète et ne l'inaugure avec l'iPhone 4s fin 2011. Deux des anciens co-fondateurs de Siri se sont lancés depuis 2012 dans une nouvelle aventure, baptisée Viv Labs. Wired lève un coin du voile sur cette technologie qui est pour l'heure montrée à quelques privilégiés. Viv entend faire mieux et plus que Siri mais aussi Google Now.
Viv doit être capable de répondre à des requêtes comportant plusieurs critères très différents. Quelques exemples sont donnés comme «Trouve moi le billet le moins cher pour un vol entre l'aéroport de San Francisco et celui de Charles de Gaulle le 2 juillet avec un retour le lundi suivant ». Ou bien encore « Trouve-moi un vol vers Dallas avec une place qui pourrait convenir à Shaq (un joueur de basket à la corpulence hors-norme, ndr) » ou, toujours dans le genre sophistiqué, « Sur le chemin pour aller chez mon frère j'ai besoin d'acheter un vin pas trop cher qui pourrait aller avec des lasagnes ».
Pour répondre à de telles requêtes, Viv va s'appuyer sur les infos personnelles de l'utilisateur et sur plusieurs bases de données ou sites internet plus ou moins spécialisés pour extraire les informations nécessaires et formuler une réponse dans les plus brefs délais (voir l'infographie qui détaille le cheminement que suit Viv pour répondre à l'une de ces demandes). Viv doit être capable de fonctionner en générant à la volée son propre code de recherche et d'agrégation d'informations, là où Siri et Google Now empruntent les chemins très balisés par leurs développeurs.
Dag Kittlaus, l'un des inventeurs de Siri, explique qu'il s'agit de poursuivre le travail entamé avec l'assistant désormais entre les mains d'Apple « Siri est le premier chapitre d'une bien plus longue histoire ». L'homme a quitté Apple le lendemain de l'annonce de l'iPhone 4s, jour aussi du décès de Steve Jobs.
Le cofondateur d'Apple avait appelé Dag Kittlaus en mars 2010, trois semaines après la sortie de la première version de Siri sous la forme d'une app iPhone. À la grande surprise de Kittlaus, Jobs connaissait l'app sur le bout des doigts et il voulait acheter la petite entreprise. Malgré un premier refus, Jobs réussit à convaincre l'équipe en leur expliquant qu'avec Apple, Siri serait mis entre les mains d'un public beaucoup plus important et qu'il serait l'un des pivots de l'iPhone. L'affaire se serait conclue pour 200 millions de dollars (ci-dessous en vidéo, Siri en 2010 avant son acquisition).
Au bout du compte, deux des trois cofondateurs de Siri ont quitté Apple, suivis par d'autres de leurs collègues. Il y aurait eu chez certains anciens de Siri des frustrations au vu de ce qu'avait laissé espérer Jobs et la réalité offerte par l'équipe dirigeante qui lui a succédé. Adam Cheyer, l'ancien responsable technique de Siri, estime ainsi qu'il serait peut-être « toujours chez Apple si Steve Jobs était encore là ».
Aujourd'hui, Viv essaie d'aller là où Siri aurait dû ou pu aller. D'où la remarque initiale de Gary Morgenthaler qui fait le constat que Siri, avant son acquisition, avait noué des partenariats avec 45 services contre 6 seulement lors du second lancement avec Apple. Pourquoi aussi peu ? L'article ne répond pas à cette question. Peut-être qu'une fois entre les mains d'une énorme (et aussi riche) société comme Apple, certains partenaires ont voulu revoir drastiquement les termes de leur accord. Ou encore que certaines fonctions n'étaient pas au niveau de qualité requis par Apple et par extension ses clients.
La manière dont Viv va gérer son avenir — seule ou absorbée par un grand groupe — n'est pas encore très claire. Le produit, en développement depuis deux ans, n'est pas encore disponible. Il n'a pas encore passé l'épreuve du feu d'une mise en situation auprès de milliers ou millions d'utilisateurs. Des démos sont faites pour le moment à des personnes triées sur le volet. Un responsable du développement de Google Now dit avoir été bluffé par ce qu'il a pu voir avec le prototype présenté.
Dag Kittlaus aimerait voir son assistant intégré à toutes sortes de produits : téléphones, voitures, téléviseurs et autres objets connectés au sens large. Il veut être partout et il se dit prêt à étudier toutes les possibilités pour y arriver.
Source : Wired