« Nous avons beaucoup de problèmes, mais ce n'est pas encore la fin », a assuré John Chen, le patron de BlackBerry. Invité à la Code Conference, il a admis que la situation était à certains endroits plus délicate qu'il ne l'imaginait lorsqu'il a pris les commandes de l'entreprise canadienne en novembre dernier. L'activité des smartphones était particulièrement mal en point et ça ne s'est pas arrangé depuis. Les études de parts de marché donnent généralement BlackBerry à quelques maigres pour cent dans le meilleur des cas… lorsqu'il n'est pas tout simplement effacé du paysage.
John Chen pense néanmoins pouvoir encore « sauver le patient » en réassignant les priorités. L'ouverture au grand public n'a pas fonctionné, Android et iOS sont inattaquables et il est impossible aujourd'hui pour BlackBerry de construire un écosystème aussi vaste que ces deux-là. Surtout que cela passe immanquablement par l'embrigadement de développeurs tiers. Difficile de les motiver vu la situation.
BlackBerry va encore tenter le coup avec des terminaux, mais la sanction viendra du marché et Chen assure qu'il n'est « aucunement attaché émotionnellement à quoi que ce soit », en clair, s'il faut laisser tomber les téléphones, eh bien ainsi soit-il. Interrogé sur la possibilité de voir BlackBerry produire des smartphones Android - l'essentiel des apps de ce système peut fonctionner sur les derniers modèles - Chen n'a pas complètement rejeté l'idée. Il a d'abord lancé un « Je ne peux rien dire à ce sujet » agrémenté d'un appel du pied. Si quelqu'un met un chèque sur la table pour que BlackBerry fasse de l'Android, le PDG est prêt à écouter.
À défaut d'avoir séduit large, BlackBerry va donc se reconcentrer sur ses domaines de prédilection : l'entreprise, qu'il a par trop ignorée depuis quelque temps déjà. Les serveurs, les outils de sécurité, les solutions embarquées, les logiciels pour "l'internet des objets" et donc la clientèle professionnelle (équipementiers, santé, administration, finance…) redeviennent les cibles importantes. Plutôt que par l'horizontale, le fabricant va donc essayer de trouver une issue de secours par une voie verticale.
Enfin, s'agissant de BBM, son célèbre système de messagerie porté sur iOS et Android il y a six mois, Chen a expliqué qu'il était nettement plus utilisé sur la plateforme de Google que celle d'Apple. C'est précisément dans les pays où Android est très bien représenté que BBM est le plus actif : Brésil, Afrique du Sud, Indonésie et Malaisie. Il est plus anecdotique aux États-Unis, et pour l'Europe, motus.