La SNCF est en train de moderniser l’équipement numérique à bord de ses trains. Plutôt que modifier toutes les cabines, l’entreprise va remplacer le smartphone de 2008 qui servait jusque-là par une tablette plus moderne et plus confortable. Et c’est l’iPad qui a été choisi pour lui succéder, comme nous l’ont expliqué deux conducteurs.
Juillet 2012, un conducteur publie un long article sur son blog pour détailler un projet d’adoption de l’iPad dans tous les trains de la SNCF. Cet article est largement passé inaperçu, il n’a pas été repris par la presse généraliste et on n’a plus vraiment entendu parler de ce projet. Nous avons contacté deux conducteurs qui ont pu nous confirmer ces informations et nous en fournir de plus récentes.
Le déploiement des iPad prend du temps, mais le projet n’est pas annulé et il ne serait pas en retard. En théorie, l’installation des tablettes se fera progressivement à partir de la fin de l’année et tout au long de l’année prochaine. Il n’y a pas qu’une question logistique : il faut aussi former les conducteurs et le personnel chargé du support du nouveau système. À l’heure actuelle, une centaine d’iPad environ seraient déjà en fonctionnement pour autant d’utilisateurs. La SNCF comptant environ 16 000 chauffeurs de train, on comprend que l’opération n’en est encore qu’à ses débuts.
Concrètement, cet iPad trouvera sa place au cœur de la cabine, comme on peut le constater sur les photos qu’ils nous ont transmises. La tablette doit remplacer les différents papiers que le conducteur doit toujours avoir avec lui. Il y a la « fiche train », un document qui donne les gares où le train doit marquer l’arrêt, les horaires, mais aussi les vitesses de référence et d’autres informations, comme certaines caractéristiques que doit avoir le train. D’autres éléments seront affichés sur l’écran de l’iPad, comme l’emploi du temps de chaque conducteur ou encore le bulletin de service qui rassemble toutes les tâches effectuées dans une journée.
La fiche train était en fait déjà numérisée. Depuis quelques années, la SNCF avait déployé une version numérique en utilisant un smartphone, le HTC Touch HD. Sorti en 2008, il tourne sous Windows Phone et il a rassemblé les suffrages contre lui : son écran 3,8 pouces rend la lecture de la fiche train particulièrement inconfortable, sans compter que ce téléphone, techniquement dépassé, était lent et instable.
La taille de l’écran, c’est d’abord ce qui a motivé la SNCF. La fiche train n’était pas confortable à lire sur le petit écran du smartphone, alors que les 9,7 pouces de la tablette sont bien plus adaptés. Mais ce n’est pas tout : l’échec de la précédente version était liée à une application très peu ergonomique et mal pensée. Si ce nouveau projet prend du temps, c’est aussi parce que l’entreprise veut bien faire les choses et prend le temps de développer une application avec les conducteurs.
L’application iPad de la SNCF n’est pas encore finalisée, mais voici ce que l’on sait. La fiche train défilera en fonction de la position du train, de sorte que c’est toujours l’information la plus importante qui est au premier plan. Le conducteur aura en outre à sa disposition de nombreux outils : il pourra rédiger son bulletin de service uniquement avec la tablette, il pourra accéder à son emploi du temps avec une frise.
Mieux, ils pourront accéder aux informations techniques sur la ligne qu’ils fréquentent, obtenir des informations en temps réel en cas de travaux ou d’accidents et même accéder à leur messagerie professionnelle et à l’intranet de l’entreprise. Toutes ces informations étaient jusque-là inaccessibles ou imprimées : la SNCF espère ainsi réaliser de belles économies à terme.
Pour toutes ces fonctions, la SNCF a prévu de commander des iPad de dernière génération dotés d’une puce cellulaire pour l’accès à internet. Les cabines n’étant pas toujours équipées en prise électrique, une housse spécifique avec une batterie intégrée sera fournie avec la tablette.
Est-ce que les économies réalisées sur les impressions compenseront le prix d’achat du matériel et le prix des formations ? Seule la SNCF le sait vraiment, mais l’entreprise n’a pas souhaité répondre à nos questions. Son seul commentaire officiel est assez étrange : « la SNCF ne souhaite pas divulguer le type et la marque de l’informatique utilisé pour des raisons de discrétion vis-à-vis de la concurrence. »
Faut-il en conclure que l’iPad n’est pas la seule option considérée ? Sur son blog, le conducteur évoquait le cas d’autres pays qui ont fait des choix radicalement différents et peut-être plus malins sur le long terme. En Allemagne par exemple, tout le système numérique a été intégré directement aux cabines des trains. En Suisse, les conducteurs ont un ordinateur portable qu’ils peuvent relier par un Dock à la machine.
Dans les deux cas, ces systèmes sont beaucoup plus puissants encore que ce qu’a prévu la SNCF. Outre qu’ils règlent certains problèmes, comme celui de l’autonomie, ils simplifient le travail du conducteur avec un point d’entrée unique. Même si l’iPad mis en place chez nous en fait beaucoup, il ne fait pas tout et le conducteur doit toujours gérer la boîte noire du train séparément ou encore saisir manuellement les informations données aux voyageurs. Dans certains transports en commun français, on retrouve un tel système centralisé : c’est le cas notamment des tramways et bus toulousains.
merci @Conducteur_SNCF et @Conducteur_RER