"Révolutionnaire" et "excitant" mais aussi "effrayant", c'est en ces termes que Marc Frons, directeur technique au New York Times, a jugé le potentiel offert par l'iPad, en s'exprimant lors d'une conférence spécialisée dans les médias (Media 2010).
Excitant de par ses possibilités techniques "l'iPad offrira le meilleur du papier et du numérique en un seul produit avec une typographie exquise et une mise en page dynamique". La version iPad de l'application du New York Times, dont un prototype avait été montré lors de l'annonce de la tablette, devrait s'appuyer sur la nouvelle stratégie d'accès payant préparée par le quotidien. Au-delà d'un certain nombre d'articles lus par mois, l'accès à d'autres sera facturé. Tandis que l'accès sera illimité en cas d'abonnement.
L'abonnement pour l'utilisation de cette application iPad fait l'objet d'intenses débats au sein du groupe a indiqué Frons. Les équipes de la version papier auraient suggéré un tarif de 20 à 30$ par mois pour ne pas cannibaliser l'abonnement à l'édition classique. D'autres militent pour un prix plus bas situé autour de 10$.
L'iPad a été l'objet d'autres discussions parmi ces professionnels des médias. Frédéric Filloux, du groupe Schibsted ASA (éditeur notamment de 20 Minutes) et ancien responsable des éditions numériques de Libé, raconte sur son blog que le culte du secret d'Apple rend la tâche compliquée pour les groupes de presse qui souhaitent travailler sur l'iPad. L'un des plus importants groupes d'Australie avait ainsi reçu la visite de gens d'Apple, venus sans leur tablette et avec des infos assez parcellaires comme celle de l'autonomie du produit…
Ces groupes misent sur l'App Store et l'achat In-App pour vendre certains contenus ou article à valeur ajoutée. Avec cet avantage qu'Apple gère toutes les transactions. Le niveau de répartition des revenus avec Apple - 30/70 - a ses détracteurs mais d'autres problématiques plus importantes sont sur la table. D'abord le prix initial de l'iPad qui leur paraît un peu élevé pour le moment, même s'il y a des chances pour que cela évolue à l'avenir.
Ensuite, et surtout, Apple, via iTunes, livre assez peu d'infos marketing sur l'utilisation qui est faite des applications distribuées par ses soins. Des statistiques qui vont du nombre de téléchargements, en passant par des données démographiques jusqu'aux habitudes de lecture de ces clients (ndr : Apple indique aux développeurs sur l'App Store combien de téléchargements/achats sont réalisés par jour, dans quels pays, et c'est à peu près tout). Pour Filloux, cette nécessité pour Apple de desserrer l'étau autour de ces informations et statistiques est cruciale pour des entreprises de presse, ne serait-ce que pour tirer de premiers enseignements de l'utilisation de ce support.
Cependant, on pourrait tout à fait imaginer que l'application d'un quotidien renseigne son éditeur sur ce que l'utilisateur lit, à quel moment, ou le temps passé sur chaque article. Sous réserve évidemment que cette transmission d'informations soit une option (opt-in) et qu'elle soit tout a fait transparente dans son fonctionnement. De la même manière que des téléspectateurs acceptent aujourd'hui de participer à des mesures d'audience ou que la fréquentation d'un site est passée au crible via des systèmes à la Google Analytics.
via Stuff.co.nz