En Seine-Maritime, les nouveaux collégiens vont recevoir un iPad pour la rentrée. Le département va en effet fournir une tablette aux nouveaux 6e, mais aussi aux enseignants du collège et aux documentalistes. Le projet ambitionne de favoriser « l’égalité des chances et la réussite éducative » tout en réduisant la fracture numérique.
L'iPad reçu par les élèves est un iPad 9 (2021) avec 64 Go de mémoire et une paire d'écouteurs. Une coque et une housse de protection seront également fournies. L'outil a pour vocation de suivre les écoliers tout au long du collège, et devra ensuite être rendu pour être réutilisé. 18 500 tablettes seront distribuées la première année, puis 13 000 les trois suivantes, afin d’équiper la totalité des classes et leurs enseignants d'ici 4 ans. Le budget alloué à ce projet est de 40 millions d’euros.
Pourquoi Apple et pas un autre fabricant ? La présidence du département explique à Numerama que la qualité de fabrication est un point crucial. « On a pris Apple sur le sérieux de la construction et de la maintenance des produits. On ne veut pas que les trucs soient jetés à la poubelle au bout d’un an », précise Bertrand Bellanger. En plus des appareils, la marque fournit également un SAV ainsi que ses applications préinstallées. Toutes les tablettes n'ont pas été achetées d'un coup et le contrat passé avec Apple est progressif : les élèves de cette année auront un iPad 9, ceux de 2023 devraient avoir un éventuel iPad 10, etc.
Le site du département insiste bien sur le fait qu'il s'agira d'un outil à but pédagogique : la tablette sera par exemple inutilisable entre 21h et 7h, et les collégiens ne pourront pas accéder à l'App Store pour télécharger des jeux ou des applis de réseaux sociaux. En revanche, ils auront accès à une boutique dédiée avec plus de 120 apps, dont la suite iWork, GarageBand, Sketchbook, Swift playgrounds ou des logiciels en AR pour découvrir le corps humain, le système solaire et les formes géométriques.
L'accès au web sera configuré par le réseau du collège avec certains sites non accessibles et autres contenus bloqués tandis que les parents pourront configurer les différentes fonctions du contrôle parental de l'iPad. Le département explique que la tablette pourra être sollicitée en cours afin par exemple de consulter un site web, de prendre une photo ou d'écouter un fichier audio. En dehors de la classe, elle servira à accéder aux services numériques du collège (emploi du temps, ressources diverses) et à faire certains devoirs. Malheureusement pour le dos des collégiens, les volumineux manuels ne seront pas accessibles depuis la tablette et seront toujours fournis en version papier.
Ce projet ne fait pas l'unanimité. Le syndicat d'enseignants SNES pense par exemple que ce projet ne réduira pas la fracture numérique étant donné que les tablettes ne fonctionnent qu'en Wi-Fi alors que les élèves les plus défavorisés n'ont pas forcément Internet chez eux. D'un autre côté, « celles et ceux dont les familles sont déjà très bien équipées se verront malgré tout dotés d’une énième tablette » : le syndicat estime qu'il aurait été plus judicieux d'équiper en priorité les élèves en ayant besoin. Les difficultés de gestion matérielle du projet sont également pointées du doigt (perte, vol…), tout comme la question de la surexposition aux écrans ou des éventuelles dérives (utilisation abusive, cyberharcèlement…).