« OK, à quoi ressemblerait un ordinateur qui vaudrait moins de 500 $, dont on pourrait être fiers, qui aurait la qualité Apple et qu'on adorerait utiliser ? ». C'est à partir de ces questions qu'est né le projet de l'iPad, raconte Phil Schiller dans un article du New York Times sur une décennie de technologies.
Aux questions précédentes, les proches collaborateurs de Jobs arrivent rapidement à la conclusion qu'il faudra faire des sacrifices : « Pour tenir un tel prix il va falloir enlever des choses et ne pas y aller avec la petite cuillère. Donc pas d'écran que l'on referme, pas de clavier séparé et par conséquent il faut pouvoir taper à même cet écran ».
C'est là que les travaux en cours sur l'interface multitouch, et un développement en particulier, celui de Bas Ording, qui avait créé un effet de défilement de l'écran particulièrement réaliste, ont ouvert des opportunités.
On savait déjà que le principe de l'iPad avait précédé celui de l'iPhone dans les réflexions d'Apple, mais la nécessité de trouver un successeur à l'iPod, capable de téléphoner, a inversé les priorités (lire aussi À quoi ressemblaient les smartphones avant l'iPhone de 2007 ?).
« C'est au moment où on a commencé à préparer la seconde génération d'iPhone qu'on s'est dit "Ok, l'iPhone est sur les rails" ». Le smartphone vivant sa vie, il était temps de remettre la tablette sur l'établi. Avec l'expérience de l'iPhone il était « facile de voir ce qu'on pouvait utiliser pour l'iPad et ce qui devait être différent pour créer le produit qu'il est devenu. Ça a vraiment aidé ».
À la suite de Schiller, c'est Walt Mossberg, l'ancien responsable de la chronique technologique du Wall Street Journal, qui narre sa première rencontre avec l'iPad en 2010, dans le salon de Steve Jobs. La tablette qui n'avait pas encore été dévoilée par Apple, était posée sur la table, cachée sous un tissu noir.
Une fois que Jobs lui a mis la tablette entre les mains, Mossberg se souvient avoir été surpris :
J'essaie de ne jamais avoir un avis positif ou négatif avant d'avoir testé quelque chose. Mais j'ai été impressionné. Impressionné par sa finesse. Il prenait grand soin à me montrer que ce n'était pas juste qu'un gros iPhone.
Puis est venu le moment de parler du prix. Jobs a demandé à son invité de deviner combien Apple allait le vendre. « 999 $ » suggéra Mossberg, comme en écho au prix que beaucoup supposaient pour ce produit dont parlaient les rumeurs (lire aussi Autour de la tablette : son prix, sa batterie, et ses deux connecteurs Dock).
« Vous allez être vraiment étonné si c'est ce que vous croyez. Ce sera bien moins que ça » répliqua Jobs avec un sourire en coin. Mais le patron d'Apple garda pour lui le chiffre exact. « C'était 499 $. Je suis sûr que ça a aussi scotché la concurrence », conclut Mossberg.