Le département des Hauts-de-Seine, à l’ouest de Paris, a décidé d’équiper ses collèges de tablettes. Pour l’année scolaire en cours, 4 500 tablettes ont été fournies et c’est Apple qui a été sélectionnée. Les collégiens sont donc équipés d’iPad, en général une tablette par élève, mais certaines sont partagées. Pour que ce partage soit possible, Apple propose de configurer les tablettes dans le cadre de School Manager, une offre clé en main dédiée aux écoles.
Cette solution complète permet aux administrateurs des écoles d’enregistrer les appareils utilisés en classe, de les configurer automatiquement, d’installer les apps et contenus nécessaires ou encore d’activer certaines fonctions réservées aux écoles, comme l’accès à certaines fonctions de l’app En classe. En particulier, la possibilité de partager une tablette entre plusieurs élèves avec un système de session nécessite de passer par un serveur.
C’est ce point précisément qui inquiète le rectorat de l’Académie de Versailles, qui supervise l’enseignement dans les collèges des Hauts-de-Seine. Dans une lettre envoyée aux chefs d’établissement, le recteur indique notamment : « le service Apple School Manager comporte des données à caractère personnel, relatives aux élèves et aux enseignants, qui sont hébergées sur le territoire des Etats-Unis ». Ces données personnelles doivent au minimum faire l’objet d’une déclaration auprès de la CNIL et la lettre est accompagnée des explications pour le faire.
Au-delà, Apple indique que des données peuvent en effet être stockées aux États-Unis, notamment des identifiants Apple, iTunes U et iCloud. L’entreprise a publié des documents pour rassurer écoles et parents sur l’utilisation de ces données, mais il n’empêche qu’en théorie, les autorités américaines pourraient y accéder. Même s’il existe des mesures censées éviter ce cas et le School Manager d’Apple s’y soumet déjà.
Quoi qu’il en soit, le département est conscient du problème et il a d’ailleurs retardé le déploiement des tablettes partagées pour cette réponse. Il reste environ 1000 iPad à distribuer et tous ceux qui sont actuellement en fonctionnement n’exploitent pas le School Manager d’Apple, tout simplement. Pour les tablettes restantes qui seront partagées, la CNIL doit répondre définitivement d’ici deux mois pour autoriser la solution d’Apple. En cas de refus, il faudra trouver une autre solution pour les tablettes partagées.
Apple a lancé il y a deux ans des chantiers en Europe pour ouvrir deux data-centers, l’un en Irlande, l’autre aux Pays-Bas. On sait que l’installation irlandaise a pris du retard et on n’a pas vraiment eu de nouvelles de l’autre. Peut-être que ces nouveaux centres de données sont proches de l’ouverture et que les Hauts-de-Seine pourront en bénéficier ?
En attendant, le ministère de l’Éducation soutient la décision du département et plus largement la solution d’Apple. L’entreprise a d’ailleurs accepté de faire évoluer son School Manager suite aux demandes du ministère :
Apple a fait évoluer ses CGU de façon importante, et en particulier, a accepté de se soumettre aux clauses contractuelles types validées par l’Union Européenne et recommandées par la CNIL s’agissant de l’hébergement de données aux Etats-Unis.
Et d’ajouter que les données les plus sensibles (résultats scolaires et notes, notamment) ne sont jamais sauvegardées sur les serveurs. Par ailleurs, comme le met en avant Apple, le ministère rappelle que le traitement des données dans le cadre de School Manager est différent des données grand public et beaucoup plus strict. Pas question, dès lors, de trouver ou développer une alternative, ne serait-ce que pour des raisons économiques.
[MàJ 29/03/2017 14h15] : quelques corrections et précisions (merci Antoine)
Source : Silicon