Dans la gamme Apple, l’iPad mini est un drôle d’animal. La petite tablette vit dans la plus grande indifférence dans l’ombre de l’iPad Air, un peu comme le Mac mini avec l’iMac. Est-ce que le terme mini porte la poisse aux produits qui ont ce qualificatif ? Peut-être…
Le syndrome mini ?
En attendant, l’iPad mini n’a pas eu la reconnaissance qu’il méritait et cela commence par ses pairs. De l’iPad mini, on se souvient tout d’abord des propos de Steve Jobs sur les tablettes 7”, même si le cofondateur d’Apple avait fini par se raviser (lire : Steve Jobs s'était fait à l'idée d'un iPad 7 »). On ne peut s’empêcher de faire le parallèle là encore avec le Mac mini. Selon certains, c'est le conseil d'administration, à une époque où Apple préparait son passage aux puces Intel, qui aurait poussé à la création du Mac mini, contre l'avis de Steve Jobs (lire : Le Mac mini atteint l'âge de raison).
À l’époque où chaque nouveauté provoquait d’énormes files d’attente devant les Apple Store, l'arrivée de la petite tablette s'était déroulée dans la plus grande discrétion.
Ce lancement préfigurait exactement ce qui allait suivre. Les ventes de la tablette ne décollèrent jamais véritablement. Pourtant l’iPad mini est une vraie réussite. On lui a souvent reproché le fait qu’il n’embarque pas d’écran Retina, mais c’était une machine remarquablement équilibrée : relativement puissante, une autonomie remarquable… Malheureusement, iOS 8 est venu ternir le tableau. La petite tablette d’Apple a perdu de sa légèreté à ce moment-là (lire : iOS 8 sur iPhone 4s, iPad 2 et iPad mini, ça donne quoi ?).
L’iPad mini 2 est venu corriger les principaux problèmes pointés du doigt à l’époque : un écran retina, plus de RAM, un processeur puissant, mais également quelques grammes en plus. Suffisant pour lancer une dynamique autour de cet appareil ? Que nenni !
Que dire ensuite de l’iPad mini 3… si ce n’est que c’est peut-être la plus grande mascarade d’Apple depuis un bon bout de temps ? Cette machine n’était qu’un iPad mini 2 vendu 100 € plus cher, mais avec Touch ID (et un coloris doré en option). Cela fait cher le capteur…
La présentation produit la plus courte de l’histoire
L’iPad mini 4 aurait sans doute pu constituer un nouveau départ, mais là encore la tablette d’Apple a encore eu droit à un traitement spécial. Sa présentation, durant le keynote de l'événement de rentrée, a duré en tout et pour tout 15 secondes ! L’iPad mini 4 détient certainement le record de la présentation la plus courte pour un produit Apple, signe que la petite tablette est plus proche de la voie de garage que de la promotion.
Au passage, on ne serait pas étonné qu’Apple bascule sur des durées de renouvellement de deux ans pour ses tablettes. À l’exception peut-être de l’iPad Pro sur lequel Apple va sans doute mettre le paquet à court terme.
Et pourtant l’iPad mini 4 est un produit fantastique. C’est peut-être l’appareil Apple qui m’a le plus séduit cette année, davantage encore que le MacBook et l’Apple Watch qui, de mon point de vue, ont autant de qualités que de défauts. À titre personnel, je ne suis pas emballé plus que ça par les nouveaux iPhone, même si ce sont de très bons produits.
Comme notre test l'explique, l'iPad mini est rapide, il bénéficie de toutes les nouveautés d'iOS 9 pour l’iPad, et est doté d'une bonne autonomie. Mais ce qui est extra, c'est son poids (et la finesse qui va avec). C'est la première fois qu'une tablette Apple passe sous la barre des 300 grammes ! Au fond d'un sac, on ne le sent pas. Et il est toujours prêt à rendre service (même si Touch ID n’est pas aussi véloce que sur les iPhone 6s).
Et puis à l’heure où le moindre produit d’Apple est tarifé au-delà des moyens de beaucoup d’entre nous, l’iPad mini a conservé un prix « plancher » (à partir de 399 €) qui représente le meilleur rapport qualité/prix de la gamme iOS. Ce titre peut éventuellement lui être contesté par le nouvel iPod touch qui, à 239 €, peut effectivement représenter la porte d’entrée idéale dans le monde iOS, mais on y perd le Touch ID et le « grand » écran de l’iPad mini — sans oublier que les applications optimisées pour les tablettes sont souvent plus visuelles et plus agréables à utiliser.
Lors de la sortie de l’iPhone 6 Plus, nous nous sommes souvent demandé si cet appareil constituait le meilleur des deux mondes entre le smartphone et la tablette. La phablette d’Apple ne manque pas d’arguments, mais dès lors que l’on commence à avoir une utilisation prolongée d’un appareil, rien ne vaut le confort d’utilisation d’un iPad.
Le monde a-t-il besoin d’une mini tablette ?
Alors, pourquoi l’iPad mini ne s’impose-t-il pas ? Les raisons sont connues. On l’évoquait récemment, Steve Jobs était persuadé qu’il y avait un espace entre le smartphone et l'ordinateur. Celui-ci s’avère pour le moment plus petit que prévu.
Au fil des générations, les écrans de smartphone ne cessent de s’agrandir. Cette problématique est beaucoup plus gênante pour l’iPad mini que pour l’iPad Air. Et finalement, le seul espace où la tablette s’est véritablement imposée, c’est la table basse du salon.
Pour une utilisation la plupart du temps sédentaire, les avantages de l’iPad mini ne pèsent pas lourd face à l’iPad Air et son grand écran. En mobilité, l’iPad mini est barré par les smartphones. Son format, assez proche d’une liseuse, joue peut-être également en sa défaveur.
C’est sans doute ce manque d’espace qui confère à l’iPad mini son rôle de niche. Et c’est bien dommage, car il mérite beaucoup mieux !