Le programme d'achat d'iPad pour les écoles de Los Angeles était ambitieux… mais mal ficelé dès le départ. Pire encore, de forts soupçons de collusion ont commencé à apparaître dans ce dossier qui consistait, à la base, à équiper chaque élève du district scolaire de LA, le deuxième plus important aux États-Unis, d'une tablette Apple — à terme, le contrat représentait plus d'un milliard de dollars, entre l'achat du matériel et l'équipement internet à installer dans les écoles.
Fin juin, après une série de dysfonctionnements, de retards et de malentendus, l'iPad était finalement mis en concurrence avec d'autres appareils électroniques plus à même de satisfaire les besoins de la « clientèle » : un des responsables de l'audit avait alors indiqué qu'on n'équipait pas un élève du cours élémentaire et un collégien avec le même matériel, un argument qu'Apple a sans doute peu apprécié (lire : Les écoles de Los Angeles ne sont plus obligées d'acheter des iPad). Malgré tout, l'iPad restait dans la course, aux côtés des Chromebooks, des Surface 2 ou des ultrabooks.
Nouveau développement ce mardi : le Los Angeles Times fait savoir que le district a suspendu les achats d'iPad. Pire encore : lors de l'appel d'offres, John Deasy, le superintendant du district scolaire, ainsi que son bras droit Jaime Aquino pourraient avoir favorisé la solution d'Apple et de Pearson (ce dernier fournissant les manuels numériques). Il se trouve que les règles de cet appel d'offres auraient été taillées sur mesure pour le duo, quitte à ne laisser aucune chance à la concurrence ni même répondre aux besoins des élèves et du district.
Le rapport du comité sur les technologies du district en charge de l'enquête pointe notamment des modifications importantes apportées aux conditions de l'appel après le rejet des offres de la concurrence, ne laissant plus guère sur la table que le dossier d'Apple et de Pearson. Deasy aurait de plus eu des contacts avec les deux vendeurs, ce qui créé une « apparence de conflit d'intérêt », même si aucune infraction dans les règles d'éthique n'a été notée. De fait, de nombreux courriels et d'autres documents ont été échangés entre Deasy, son staff, et les cadres des deux entreprises en charge du dossier. Il se trouve que le superintendant et ses troupes ont commencé à discuter de ce projet deux ans avant que l'appel d'offre ne soit approuvé. La correspondance entre tout ce petit monde laisse planer un vilain soupçon de favoritisme sur toute l'affaire.
John Deasy se défend évidemment de toute malversations, expliquant qu'il parle « à tout le monde » et que rien de ce qu'il a fait ne l'a été de manière « inappropriée ». Il n'est pas certain que cela soit suffisant pour éteindre une polémique alimentée par plusieurs enquêtes. Un nouveau processus d'appel d'offres va être conduit par le district, pour lequel Apple et Pearson pourront participer. Cette fois, l'organisme promet de serrer les boulons pour éviter le parfum d'entente illégale.