En vertu de l’article 6.7 du Règlement sur les marchés numériques, le fameux DMA, les entreprises désignées comme « contrôleurs d’accès » doivent garantir l’interopérabilité de leur plateforme « avec les mêmes caractéristiques matérielles et logicielles auxquelles on accède ou qui sont contrôlées par l’intermédiaire du système d’exploitation ou de l’assistant virtuel ». Autrement dit : Apple, Google, Microsoft et les autres ne peuvent plus se réserver des fonctionnalités logicielles ou matérielles, sauf pour des raisons dûment motivées de sécurité et de confidentialité, leur statut leur conférant un avantage concurrentiel insurmontable autrement.
Ces deux dernières années, Apple a déjà fait beaucoup pour satisfaire les exigences du régulateur européen, ne serait-ce qu’en ayant permis l’installation de boutiques d’applications tierces et l’utilisation de la puce NFC de l’iPhone avec le service de paiement de son choix. Mais voilà, elle est plus réactive que proactive, et prend un malin plaisir à multiplier les procédés dilatoires pour respecter la législation à la lettre en montrant bien qu’elle rejette son esprit. La Commission européenne jette les gants : elle présente une série de 24 mesures extrêmement détaillées, avec un calendrier précis s’étalant jusqu’à la fin de l’année 2026, qui ne laisse plus aucune place à l’interprétation. Qu’est-ce que ces nouvelles spécifications vont changer pour les utilisateurs et les développeurs ? Suivez le guide.

La fin du traitement de faveur de l’Apple Watch et des AirPods
Quelques jours avant la publication des nouvelles spécifications de la Commission européenne, Eric Migicovsky déplorait qu’il soit « impossible de concevoir une montre connectée offrant des fonctionnalités similaires à celles de l’Apple Watch », citant notamment l’impossibilité d’interagir avec les notifications. Le fondateur de Pebble et de Core Devices a été entendu : la Commission européenne veut que « les appareils connectés puissent afficher et réagir aux notifications iOS » et que les applications puissent « exécuter certaines actions en arrière-plan sans que l’utilisateur regarde directement » l’écran.
Comme n’importe quelle Apple Watch, les montres connectées tierces pourront ainsi recevoir des notifications comportant des images et des animations, mais aussi et surtout déclencher des actions sur le téléphone, comme l’envoi d’une réponse à un message. En faisant sauter le verrou des notifications, la Commission européenne espère rétablir la concurrence sur le marché des montres connectées, qui ne fait que rejouer la bataille entre iOS et Android. Les fabricants “agnostiques” comme Garmin, Withings ou Core Devices peuvent se réjouir.