Un trio de développeurs web britaniques a lancé l'Open Web Advocacy, une initiative pour amener à ouvrir iOS aux moteurs web concurrents de WebKit et développer l'usage des webapps en parallèle aux apps natives.
Il s'agit pour ce groupe, qui ambitionne de réunir d'autres bonnes volontés, de fournir aux législateurs et aux autorités de régulation des informations et détails techniques sur la manière dont Apple empêche les navigateurs web de se mesurer pleinement à Safari et de se poser en plateformes de développement et d'exécution d'applications web performantes.
Après tout rappelle-t-il, lors de la présentation du premier iPhone, Apple par la voix de Steve Jobs lui-même, avait fait du web le support premier du développement d'applications mobiles, avant de rapidement changer le fusil d'épaule au profit d'un App Store sous contrôle.
Au centre de leurs reproches il y a l'obligation faite par Apple à tous les éditeurs de l'App Store qui ont besoin d'un moteur web, d'utiliser WebKit comme Safari. Dans son interface et ses fonctions, Chrome sur iOS diffère de Safari qui diffère de Firefox mais dans leurs fondations, tous les trois sont bâtis sur le même socle pour l'affichage des pages et le fonctionnement de leurs contenus.
Aucun ne peut faire valoir sa différence sur le fond. Pire, Apple réserve à Safari certaines possibilités. Sont citées par exemple l'affichage plein écran sur iPhone (sur l'iPad les navigateurs tiers le peuvent) ; les apps web de jeu qui ne peuvent pas non plus occuper tout l'écran (un avantage laissé aux apps natives de l'App Store) ; l'installation de webapps sur l'écran d'accueil qui est réservée à Safari tout comme l'usage des extensions web ou l'intégration des paiements Apple Pay.
À ces exclusivités pour Safari s'ajoutent des lacunes dans WebKit que les éditeurs tiers n'ont aucun moyen de palier, comme les notifications push, le préchargement de pages, le Web Bluetooth, le Web NFC et quelques dizaines d'autres technologies listées dans un document de synthèse.
La question de la sécurité, souvent mise en avant par Apple pour défendre sa préférence à l'égard des apps natives, est également sujette à critiques. L'actualité récente en a donné un exemple avec le bug "IndexDB", rendu publique mi-janvier, mais dévoilé en novembre et qu'Apple ne corrigera que fin janvier.
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Sur iOS tous les navigateurs étaient touchés puisqu'ils utilisent uniformément WebKit, sur Mac à l'inverse on pouvait se tourner vers un concurrent de Safari le temps que la faille soit comblée. Ces développeurs pointent également la lente évolution de WebKit dont les mises à jour interviennent essentiellement lors des grandes révisions d'iOS, alors que chaque éditeur pourrait aller à son rythme s'il était maître du moteur de son navigateur :
Si les navigateurs tiers étaient autorisés, avec un accès complet à toutes les API qu'Apple donne à Safari, cela inciterait Apple à suivre le rythme des autres navigateurs et donnerait aux consommateurs un moyen de voter avec leurs pieds, en passant à un navigateur concurrent lorsque nécessaire.
Avec leur initiative, ces développeurs visent trois objectifs : que les navigateurs tiers aient une liberté d'accès à iOS ; que les web apps disposent des même possibilités et accès aux API que les apps natives et qu'il en résulte une égalité et une absence de contraintes artificiellement entretenues par les propriétaires de plateformes.
Ce sujet a déjà retenu l'attention du régulateur britanique qui enquête depuis un an maintenant sur les conditions d'opération de l'App Store. En décembre dernier, lors d'un point d'étape, il notait que par sa politique restrictive, Apple « contrôle et définit les limites de qualité et de fonctionnalités de tous les navigateurs sur iOS. Cela limite également la possibilité pour les navigateurs concurrents de se différencier de Safari ».
Source : The Register