Les mesures d'Apple de lutte contre la pédopornographie qui devaient être intégrées à iOS d'ici la fin de l'année aux États-Unis sont repoussées à plus tard. Présentées au cœur de l'été, ces mesures ont immédiatement suscité de nombreuses critiques en matière de confidentialité et de sécurité.
Dans un bref communiqué envoyé à la presse et sur son site web, Apple annonce que « compte tenu des retours des clients, des groupes de défense des droits, des chercheurs et d'autres personnes, nous avons décidé de prendre du temps supplémentaire dans les mois à venir pour recueillir des commentaires et apporter des améliorations avant de lancer ces fonctionnalités de protection des enfants d'une importance cruciale. »
Les trois fonctionnalités sont donc reportées à une date indéterminée. L'une consiste à prévenir un enfant utilisateur de Messages qu'un contenu partagé est potentiellement sensible, une autre à enrichir Siri de liens pour rapporter des cas d'exploitation sexuelle de mineurs, et la dernière, la plus polémique, à repérer dans la bibliothèque iCloud des utilisateurs des images pédopornographiques. Les experts en sécurité et défenseurs des libertés s'inquiètent notamment que ce système puisse être utilisé pour surveiller d'autres contenus, par exemple à la demande d'États autoritaires.
Craig Federighi avait reconnu mi-août qu'Apple avait mal communiqué sur le sujet : « Au niveau de la compréhension des choses, c'est clair que beaucoup de messages se sont assez mal mélangés. […] Avec le recul, l'annonce de ces deux fonctions en même temps [la protection dans Messages et la reconnaissance de photos] allait effectivement créer de la confusion. » Pour autant, le responsable de l'ingénierie logicielle ne comptait pas revenir sur ces mesures. « Nous, qui nous considérons comme des leaders de la confidentialité, nous pensons que ce que nous faisons ici est à la pointe du progrès », déclarait-il alors.
Finalement, la pression de la communauté et des médias aura eu raison d'un lancement réalisé sans concertation. Une décision logique pour que l'image de « leader de la confidentialité » ne soit pas plus écornée. Cette décision fait néanmoins des mécontents. Un cadre de la NSPCC, une association britannique de protection de l'enfance, estime que l'ajournement est « incroyablement décevant ». Selon lui, Apple avait adopté « une approche proportionnée ». Reste à voir si l'entreprise va glisser discrètement ce projet sous le tapis ou si elle va retenter sa chance avec plus de tact, mais parvenir à un consensus sur la reconnaissance des photos s'annonce très compliqué.