Quand le vieux routier de l’information technologique Walt Mossberg évoque la maladresse de Siri et les incohérences de ses réponses, Apple est aux petits soins : il a suffi qu’il poste quelques résultats saugrenus donnés par l’assistant à des questions d’actualité pour que la Pomme apporte rapidement des corrections.
À une des questions posées par le journaliste de Recode, « Quand se déroule le débat présidentiel [aux États-Unis] ? », Siri ne retournait aucune réponse claire, si ce n’est l’habituelle et agaçante proposition de jeter un œil sur les résultats piochés sur internet. De son côté, Google Now se montrait bien plus alerte et pertinent, donnant la bonne réponse immédiatement. Après avoir tweeté sa déconvenue, Mossberg a pu constater que cette question au moins avait fait l’objet d’amélioration, Siri donnant maintenant une réponse correcte.
À noter que cela ne concerne guère que les États-Unis. En France, Siri retourne des réponses aberrantes sur des questions d’actualité :
Mossberg, qui s’entretient très régulièrement avec Apple, a obtenu des éclaircissements sur le fonctionnement de Siri. L’assistant se concentre surtout sur les tâches du quotidien (création de rappels, envoi de messages, appels…) et peu sur les questions d’actualité. Il est vrai que Siri est assez doué pour ce qui est des tâches de bureau, mais que la frustration pointe très rapidement pour tout le reste.
On en a d’ailleurs eu l’exemple assez frappant durant l’Euro de football, en juin : si Spotlight et le moteur de recherche de Safari étaient au courant des résultats, l’assistant vocal ne retournait aucun résultat pertinent (lire : Apple découvre l’Euro 2016, mais oublie de prévenir Siri). Avec Siri, Apple ne fait pas beaucoup d’efforts pour s’adapter à d’autres marchés que celui américain, qui bénéficie des bases de données de Wolfram|Alpha pour toutes sortes de réponses. Ici bas, il faut se contenter de la sempiternelle recherche sur internet.
Dans le cas de ces questions d’actualité, Apple explique ne recevoir que des « centaines » de requêtes de ce type chaque jour, c’est pourquoi elle s’en préoccupe peu. C’est dommage, car les utilisateurs sont souvent découragés de la manière dont Siri prend en charge leurs questions ; et après deux ou trois tentatives malheureuses, bien souvent ils arrêtent complètement de se servir de l’assistant.
Si Apple a l’intention de faire de Siri la tête de proue de ses investissements dans l’intelligence artificielle, il est certain qu’il va falloir améliorer sérieusement l’acuité et la pertinence de l’assistant dans ses réponses. Avec iOS 10 et l’ouverture partielle de Siri aux développeurs, la Pomme est sur la bonne voie, mais il faut aller plus vite et plus fort. La concurrence n’attend pas : en se lançant après tout le monde, l’Alexa d’Amazon impressionne déjà son monde, et Google Assistant semble offrir lui un certain niveau de raffinement dans ses réponses. Et Samsung vient de s’offrir Viv, la nouvelle AI des créateurs de Siri…