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Photos : Apple copie Google… la confidentialité en plus

Nicolas Furno

lundi 20 juin 2016 à 20:30 • 88

iOS

On s’en inquiétait récemment : Apple s’était laissée devancer par des concurrents mieux fournis en matière de gestion de photos. Loin de ce que proposait Google Photos notamment, la gestion d’iOS et de macOS était toujours entièrement manuelle et contraignante. Bonne nouvelle, l’entreprise n’est pas restée sans agir et elle a présenté à l’occasion de la WWDC de nouvelles versions de Photos qui répondent à la majorité de nos critiques.

Parmi les fonctions intelligentes de Photos, la création automatique de « souvenirs », des albums conçus à partir de photos prises lors d'un même événement.

Apple n’emploie pas les mêmes procédés que Google, bien au contraire. Contrairement à Google Photos, la gestion des images ne se fait pas sur des serveurs mis en place par l’entreprise, mais directement sur votre appareil. Un choix radicalement différent, qui a un avantage indéniable sur le plan de la confidentialité des données et qui pose aussi quelques problèmes, comme on le verra pour finir.

Avant cela, on fait le point sur ce que propose Apple pour gérer nos photos en 2016 !

Reconnaissance du contenu

Le point fort de Google Photos, c’est bien sa capacité à reconnaître tout ce qu’il y a sur une image. Grâce aux millions de requêtes sur Google Images, le géant de la recherche a constitué une immense base de données et peut ainsi faire la différence entre un humain et un cheval, entre une plage et une montagne, entre un vélo et un train, etc. Même s’il y a encore quelques erreurs, cette fonction est très impressionnante et bien utile pour retrouver ses photos.

Deux exemples de recherche de contenu sur Google Photos : des chats et des montagnes.
Deux exemples de recherche de contenu sur Google Photos : des chats et des montagnes.

Apple propose exactement la même chose dans iOS 10 et macOS Sierra. Les ingénieurs de Cupertino ont développé des algorithmes pour reconnaître les éléments qui composent une photo et afficher ainsi des résultats quand on demande un chat, un phare ou encore un gâteau.

Les mêmes recherches dans Photos.
Les mêmes recherches dans Photos.

Apple a enregistré des milliers de catégories prêtes à l’emploi. Quand on cherche quelque chose dans Photos, l’application suggère d’elle-même des catégories, ce qui permet de gagner du temps, mais aussi d’affiner sa requête. Et l’entreprise a été assez loin, puisqu'elle ne se contente pas de regrouper tous les bateaux dans une seule catégorie, il y a aussi des sous-catégories selon leur type (bateau à voile, bateau à rames...), pour prendre un exemple.

Photos suggère les catégories identifiées. Et comme on peut le constater, l’application sait être très précise, à défaut d’être juste (le vin rouge sur la droite nous semble bien vert…). — Cliquer pour agrandir
Photos suggère les catégories identifiées. Et comme on peut le constater, l’application sait être très précise, à défaut d’être juste (le vin rouge sur la droite nous semble bien vert…). — Cliquer pour agrandir

Photos n’en est qu’à sa toute première bêta et il n’est pas encore question de juger ses aptitudes à détecter correctement ce qui est présent dans une image. Néanmoins, il faut reconnaître qu’Apple a fait un excellent travail pour trier le contenu de la façon la plus fine possible. Que l’application reconnaisse un verre de vin, c’est déjà bien, mais qu’elle distingue en plus la couleur du breuvage, c’est encore mieux.

À ce stade, on peut noter que les catégories sont en général beaucoup plus précises avec Photos qu'avec Google Photos. Ce dernier affiche moins d'erreurs de reconnaissance en moyenne ; il faut dire que Google a un an d'avance toutefois et le travail effectué par son concurrent est prometteur. Apple pourra en outre compter sur un nombre croissant de bêta-testeurs pour améliorer ses résultats.

Au passage, les deux solutions ne proposent pas de corriger les résultats, ce qui est étrange. Si on voit qu’une photo contient un chien et non un chat, on devrait pouvoir l’indiquer et améliorer nos résultats ainsi que l’algorithme sous-jacent. Dommage qu’Apple n’y ait pas pensé, cela viendra peut-être au fil des bêtas.

Reconnaissance des personnes

Apple a été parmi les premiers à démocratiser la détection de visages en ajoutant une fonction de reconnaissance des personnes à iPhoto. C’était en 2009, un an avant Facebook, et c’était très efficace… sauf que l’entreprise ne s’y est pas vraiment intéressée par la suite. Sa technologie n’a pas vraiment progressé et elle n’est jamais passée sur iOS. Tout cela change cependant avec Photos nouvelle génération !

Reconnaissance des personnes sous iOS 10. À droite, la vue dédiée à une personne.
Reconnaissance des personnes sous iOS 10. À droite, la vue dédiée à une personne.

La détection des visages et la reconnaissance faciale sont désormais au cœur de la gestion de photos, sur Mac comme sur iOS. Apple a repris le même principe que Google Photos plutôt que celui d’iPhoto qui nécessitait plus de travail de la part de l’utilisateur (il fallait valider de nombreux visages pour apprendre au logiciel à reconnaître une personne). L’application se charge de rassembler les visages similaires et vous n’avez plus qu’à nommer, en piochant dans le carnet d’adresses, chaque personne.

Une fois la première analyse terminée, l’application propose une grille de visages détectés et c’est à vous de nommer chaque personne. C’est un travail qui reste un petit peu fastidieux, d’autant que Photos est encore loin du niveau de Google Photos pour le moment. L’outil d’Apple oublie énormément de visages pour chaque personne, si bien que l’on a des pages et des pages de propositions… C’est quelque chose qui sera certainement corrigé avant la version finale.

On espère aussi qu’Apple améliorera son interface, qui nécessite pour le moment beaucoup trop d’actions pour la majorité des tâches. Prenons un exemple : vous avez identifié une personne, mais l'application a oublié certaines photos. Pour les fusionner, vous devrez faire au strict minimum cinq tapotements (c’est souvent plus) s’il faut chercher la photo dans la longue liste des personnes non identifiées.

Fusion de deux visages, en allant chercher dans la liste des personnes reconnues, mais pas encore identifiées : c’est long… —  Cliquer pour agrandir
Fusion de deux visages, en allant chercher dans la liste des personnes reconnues en attente d'identification : c’est long… — Cliquer pour agrandir

Outre le nombre de taps trop élevé pour réaliser certaines actions, il y a encore beaucoup d’incohérences. Par exemple, il faut passer par le bouton de sélection depuis un profil, puis par le menu de partage, pour corriger un résultat ou changer la photo associée à la personne. On ne peut pas le faire directement depuis une image… pénible.

Ce n’est qu’en touchant le bouton de sélection en haut à droite quand on est dans la fiche d’une personne, que l’on peut sélectionner une (ou plusieurs) photo et enfin passer par le menu de partage pour corriger une mauvaise détection ou choisir d’en faire la photo principale associée au profil.
Ce n’est qu’en touchant le bouton de sélection en haut à droite quand on est dans la fiche d’une personne, que l’on peut sélectionner une (ou plusieurs) photo et enfin passer par le menu de partage pour corriger une mauvaise détection ou choisir d’en faire la photo principale associée au profil.

La marge de progrès est très importante et on espère qu’Apple corrigera le tir avant l’automne. En revanche, c’est beaucoup mieux sur Mac, où le clic secondaire permet assez naturellement de ranger de nombreuses fonctions. On peut également glisser/déposer des éléments plus simplement, ce qui est possible aussi sur iOS en théorie, mais beaucoup trop bugué à ce stade. Au passage, l’entreprise a gardé l’idée de favoris pour les contacts les plus importants, quelque chose que l’on avait déjà du temps d’iPhoto.

On peut évidemment retirer une photo associée à tort à une personne, et Photos propose parfois une liste d’images où la personne est peut-être présente. Le cas échéant, un lien « Confirmer les photos supplémentaires » est activé sur la fiche du profil et on peut alors confirmer (ou infirmer) les suggestions. À partir de cette information, l’application ajoutera une ou plusieurs photos similaires.

Parfois, Photos pense avoir reconnu une personne sur d’autres photos et l’application propose alors d’identifier à la main ces images. C’est le même principe que sur Mac, mais c’est une roue de secours plutôt qu’une fonction de base. — Cliquer pour agrandir
Parfois, Photos pense avoir reconnu une personne sur d’autres photos et propose alors d’identifier à la main ces images. C’est le même principe que sur Mac, mais c’est une roue de secours plutôt qu’une fonction de base. — Cliquer pour agrandir

La reconnaissance faciale aura le temps de mûrir pendant tout l’été et elle fonctionne déjà plutôt bien, même si Google Photos conserve son avance pour le moment. Quoi qu’il en soit, c’est un ajout très pratique, d’autant que Photos exploite l’information un petit peu partout. On peut chercher une personne, évidemment, mais on a aussi la liste, sous chaque photo, des personnes présentes sur le cliché. En un tap/clic, on peut ainsi accéder à leur fiche.

La reconnaissance des visages permet de trouver des personnes (gauche) et aussi d’afficher tous ceux qui sont présents sur chaque image (droite). — Cliquer pour agrandir
La reconnaissance des visages permet de trouver des personnes (gauche) et aussi d’afficher tous ceux qui sont présents sur chaque image (droite). — Cliquer pour agrandir

Si l'on a surtout évoqué iOS jusque-là, toutes ces fonctions sont également présentes sur macOS, avec une interface largement similaire. C’est d’ailleurs surtout cela qui change, puisque Photos proposait déjà cette fonction auparavant, et la nouvelle version reprend les résultats existants. Ce qui accélère considérablement la fonction, surtout au départ.

La reconnaissance faciale existait déjà sur Mac, et macOS Sierra récupère les résultats précédents, ce qui évite d’avoir à refaire l’analyse. Seule l’interface change. — Cliquer pour agrandir
La reconnaissance faciale existait déjà sur Mac, et macOS Sierra récupère les résultats précédents, ce qui évite d’avoir à refaire l’analyse. Seule l’interface change. — Cliquer pour agrandir

Bizarrement, Apple n’a pas encore pensé à lier carnet d’adresses et reconnaissance faciale. On aimerait une option pour associer automatiquement les fiches contact à une photo quand il y en a une, ou au moins accéder à la fiche de la personne quand on veut modifier à la main l’image de profil. Sur ce point, iOS 10 ne propose rien, mais peut-être que cela viendra au fil des bêtas.

Organisation automatique

À partir de toutes les informations à sa disposition, Photos essaie d’organiser automatiquement votre photothèque. Cela passe essentiellement par le concept de « souvenirs », en fait des albums intelligents. L’application peut compter sur quatre informations pour en créer :

  • la date ;
  • le lieu ;
  • les personnes identifiées ;
  • les objets identifiés.

Il y a plusieurs types de souvenirs. Chaque jour, Photos en propose trois nouveaux dans l’onglet du même nom. L’un rassemble les clichés pris le même jour, une année précédente (s’il y en a), les deux autres varient. On a parfois des albums de voyages ou de week-ends, parfois une personne est le sujet d’un souvenir, ou alors un repas au restaurant, ou bien encore un thème (« À la plage »). On a aussi des sortes de best-of, avec le meilleur du mois, des trois derniers mois, de l’année, etc.

Quelques exemples de souvenirs générés par Photos : une balade lors d’un week-end, un voyage réalisé quelques années auparavant à la même époque, ou encore une sélection sur une période, ici trois mois.
Quelques exemples de souvenirs générés par Photos : une balade lors d’un week-end, un voyage réalisé quelques années auparavant à la même époque, ou encore une sélection sur une période, ici trois mois.

Tous les souvenirs regroupent des photos et des vidéos. L’application affiche par défaut une sélection des « meilleurs » clichés, mais on peut également voir l'intégralité des images rassemblées sous la forme de petits carrés.

Ce souvenir rassemble des photos de séjours à la mer, avec un résumé qui ne conserve que les meilleures images (gauche) et la possibilité de tout afficher (droite).
Ce souvenir rassemble des photos de séjours à la mer, avec un résumé qui ne conserve que les meilleures images (gauche) et la possibilité de tout afficher (droite).

Chaque souvenir met aussi en avant les personnes présentes, les lieux visités et Photos génère un réseau de souvenirs, en rassemblant des évènements liés. Pour rester sur notre exemple maritime, les souvenirs associés correspondent à chaque séjour effectué à la mer, ce qui permet de trouver des images associées, mais qui ne sont pas des photos de plages ou de l’océan.

Chaque souvenir est associé à des personnes et des lieux, mais aussi à d’autres souvenirs (gauche). La carte peut être agrandie et on peut alors zoomer pour placer les photos très précisément (droite).
Chaque souvenir est associé à des personnes et des lieux, mais aussi à d’autres souvenirs (gauche). La carte peut être agrandie et on peut alors zoomer pour placer les photos très précisément (droite).

Le dernier volet associé aux souvenirs concerne la vidéo. Sur tous les appareils mobiles d’Apple, Photos ne se contente pas de sélectionner des éléments et de les rassembler, l’application les organise même dans des vidéos prêtes à l’emploi. Ces petits films de quelques dizaines de secondes peuvent être ajustés, l’idée restant de générer un diaporama et de le partager très simplement. De fait, on n’a que deux critères par défaut : la durée avec trois options et le style général en comprenant une dizaine.

Photos génère des vidéos à partir de vos photos (et vidéos). Tout est automatique, mais l’utilisateur peut influencer sur le travail de l’application.
Photos génère des vidéos à partir de vos photos (et vidéos). Tout est automatique, mais on garde une marge de manœuvre pour personnaliser le résultat.

La vitesse fait varier le rythme des photos affichées, naturellement, et leur nombre : l’option la plus courte affiche ainsi une sélection resserrée. Quant au style, il change la police pour le titre de la vidéo au début et surtout la musique. Si on le souhaite, on peut modifier ces vidéos générées automatiquement par Photos : en touchant le bouton d’édition en bas à droite, une nouvelle interface apparaît.

Modification d’une vidéo générée par Photos : à droite, sélection de la bande-son.
Modification d’une vidéo générée par Photos : à droite, sélection de la bande-son.

Cette interface permet de tout modifier : le titre au début de la vidéo, la musique qui l’accompagne (on a un choix assez vaste proposé par Apple et on peut piocher dans sa musique), mais aussi les éléments qui composent la vidéo et même la durée du résultat final. Photos n’est pas un outil de montage vidéo, c'est vrai. En combinant tous ces paramètres, on peut néanmoins obtenir un résultat en général meilleur que le montage proposé par défaut.

À gauche, sélection des photos et vidéos qui composeront le film. À droite, changement du titre, avec les différentes polices proposées par Photos.
À gauche, sélection des photos et vidéos qui composeront le film. À droite, changement du titre, avec les différentes polices proposées par Photos.

Et heureusement que l’on a ces options, parce que la sélection automatique est souvent défaillante, avec un bon nombre de photos hors sujet. Et puis les effets (travelling sur l’image, effet Ken Burns, mosaïque de photos) sont strictement automatiques et on aimerait parfois les modifier. Apple a encore un petit peu de travail sur cette fonction qui souffre aussi de gros problèmes d’instabilité à ce stade, mais c’est normal pour une première bêta.

Quand on a obtenu le résultat désiré, Photos le mémorise et l’affiche comme un réglage personnalisé au niveau du souvenir. On peut alors partager la vidéo, soit directement sur un service de partage si on a l’application correspondante installée, soit en sauvegardant la vidéo en local. Dans tous les cas, on a un fichier 1080p à 30 images par seconde.

Pour le moment, les vidéos associées aux souvenirs sont strictement réservées à iOS, la version macOS de Photos ne permet pas d’en créer, et pas plus d’en consulter. On imagine que c’est un oubli qui sera comblé dans une prochaine bêta.

Photos macOS récupère la majorité des fonctions de Photos iOS, mais pas les vidéos associées aux souvenirs. À la place, on a un simple diaporama de photos.
Photos macOS récupère la majorité des fonctions de Photos iOS, mais pas les vidéos associées aux souvenirs. À la place, on a un simple diaporama de photos.

Pas de serveurs, pas de problème ?

Si vous avez déjà utilisé Google Photos, toutes ces fonctions ne vous seront pas étrangères, et pour cause. Comme on le disait en préambule, Apple s’est laissée dépasser depuis un an par son concurrent et le géant de la recherche propose toutes ces fonctions sans exception avec son service. De la détection des sujets à l'identification des personnes (à condition de ruser en Europe) jusqu’aux albums intelligents, en passant par les souvenirs qui remontent des photos des années passées… Photos n’a rien inventé, mais la méthode est radicalement différente.

Google Photos propose des fonctions similaires à celles de Photos depuis plus d’un an.
Google Photos propose des fonctions similaires à celles de Photos depuis plus d’un an.

Là où Google analyse toutes les photos sur ses serveurs et met à profit son énorme puissance de calcul pour constituer une base de données globale, Apple a choisi de tout faire sur les terminaux. C’est votre iPhone qui va analyser chaque photo pour détecter ce qui est dessus, analyser le visage de chaque personne et créer ainsi une photothèque plus intelligente.

Un téléphone, une tablette, ou même un Mac : ces appareils sont tous moins puissants qu’une ferme de serveurs. Néanmoins, Apple exploite au maximum le matériel, si bien qu’un iPhone de dernière génération est capable de réaliser les onze milliards d’opérations nécessaires à chaque fois que l’on prend une image. Pour cela, les puces graphiques sont mises à profit et suffisantes pour tout faire en direct — sans avoir besoin d’une connexion internet, qui plus est.

Quid de toutes les photos et vidéos que vous avez déjà prises ? Le travail se fera cette fois uniquement quand vous n’utiliserez pas l’appareil, et quand il sera branché. Pour faire simple, l’opération sera menée les premières nuits après avoir installé iOS 10. Bien sûr, il ne s’agit que d’une première bêta et les performances pourront être améliorées, mais nous avons constaté qu’il fallait en gros 24 heures pour obtenir les premiers résultats sur un iPhone 6s Plus, avec des photothèques de plusieurs dizaines de milliers d’images.

Tant que Photos n’a pas terminé son analyse, une partie de ses fonctions ne sont pas disponibles.
Tant que Photos n’a pas terminé son analyse, une partie de ses fonctions ne sont pas disponibles.

Se passer de serveur a plusieurs avantages, le plus évident, et celui qu’Apple n’a pas manqué de marteler pendant le keynote, étant celui de la confidentialité. Avec iCloud Photos, le constructeur stocke bien vos images sur ses serveurs, mais tout est chiffré et Cupertino ne peut pas les déchiffrer sans votre mot de passe. Pour proposer un fonctionnement similaire à celui de Google Photos, il faudrait changer ce comportement pour qu’Apple puisse analyser chaque photo et vidéo sur ses serveurs.

Toute l’analyse est réalisée sur vos appareils, et le résultat de cette analyse reste aussi sur vos appareils. Apple n’a aucun moyen de savoir qui a été identifié sur vos photos de famille, ni les lieux visités, ni aucune autre information. C’est très bien pour votre vie privée et pour le constructeur qui a une bonne réponse à donner aux autorités qui voudraient en savoir plus.

Ce choix est aussi un inconvénient pour l’utilisateur. En l’état actuel des choses, les métadonnées calculées par Photos ne sont pas transférées d’un terminal à l’autre. Ce qui signifie que si l’on mène à bien l’analyse sur un iPhone — si l’on identifie sa famille et ses amis notamment —, il faudra recommencer ensuite sur un iPad et sur un Mac. Pire, vous devrez recommencer avec votre prochain iPhone/iPad si vous faites une restauration à partir d'une sauvegarde iCloud puisque celle-ci ne conserve pas ces données. La solution consiste, faute de mieux, à faire une sauvegarde chiffrée avec iTunes.

Même si vous avez déjà analysé les photos sur un appareil, il faudra recommencer sur un autre. Contraignant.
Même si vous avez déjà analysé les photos sur un appareil, il faudra recommencer sur un autre. Contraignant.

Ce défaut finira par être effacé et Apple sait déjà comment faire. Invité du podcasteur John Gruber la semaine dernière, Craig Federighi a ainsi précisé que la synchronisation viendra un jour, et qu’elle se fera sans passer par les serveurs d’Apple et directement d’un appareil à l’autre. Quand ce sera le cas, l’entreprise aura effectivement réussi à reproduire toutes les fonctions de Google Photo, le respect de la vie privée en plus.

Quand est-ce que l’on pourra en bénéficier ? Le Senior Vice President ne s’est pas avancé sur une date, néanmoins la formulation de sa réponse laisse bien entendre que ça ne sera pas pour cette année. La question semble encore à l’étude à Cupertino et on espère que la synchronisation sera active d’ici l’automne, mais si l'on devait parier, ce serait probablement plutôt pour 2017.

L’autre argument mis en avant par Google pour inciter les utilisateurs à transférer toutes leurs photos sur ses serveurs, c’est que le service gagne en intelligence plus il est utilisé. En gros, l’entreprise analyse toutes les photos de tous ses utilisateurs et ses algorithmes s’améliorent automatiquement grâce à cette immense base de données. Grâce à Google Images, le géant de la recherche avait même une longueur d’avance : si un internaute cherche un chat et clique sur un résultat, on peut être sûr qu’il s’agit d’une photo de chat.

Rien de tel chez Apple, mais cela ne l’a pas empêché de créer son propre « dictionnaire » d’objets à détecter dans les photos. D’après cet article, l’entreprise a défini 432 scènes et objets pour mettre en place son algorithme. Il y a déjà de quoi faire, mais tout n’y est pas : le basket sera bien reconnu, mais si vous cherchez une partie de pétanque par exemple, vous ne trouverez pas (même si on a réussi à trouver des photos avec « boules »). Des donuts, pas de souci, en revanche Photos ne trouvera aucun macaron, ni de chocolatine pain au chocolat, ni même de baguette (il existe une catégorie « pain »).

Apple propose souvent des résultats plus précis que son concurrent, mais ce n’est pas toujours un avantage, d’autant que l’on ne peut pas forcément élargir la recherche. Dans ce cas précis, Google affiche toute sorte de lampes et pas seulement des ampoules, mais Photos n’a pas de catégorie « Lampe ».
Apple propose souvent des résultats plus précis que son concurrent, ce qui n’est pas toujours un avantage, d’autant que l’on ne peut pas forcément élargir la recherche. Dans ce cas précis, Google affiche toute sorte de lampes et pas seulement des ampoules. Photos, de son côté, n’a pas de catégorie « Lampe ».

Pour être juste, Google Photos n’est pas vraiment meilleur sur ces mêmes requêtes et il reste, lui aussi, très américano-centré. Et puis il faut rappeler qu’il ne s’agit que de la première bêta d’un service appelé à s’améliorer au fil du temps. Car, même si Apple ne centralise pas toutes les données sur ses serveurs, l’entreprise récupère des informations sur l’utilisation de Photos. Par le mécanisme de la privacité différentielle, ces données restent parfaitement anonymes, mais la firme peut obtenir la liste des recherches effectuées dans l’application.

De quoi, au fil du temps, compléter le dictionnaire actuel de Photos qui reste encore, avec ses 432 mots, très limité. Pour vraiment juger de la qualité du service, il faudra peut-être attendre l’automne et son utilisation par le plus grand nombre…

La question qui fâche : le prix

La question du prix se pose différemment pour les deux services. On ne peut pas utiliser Google Photos sans les serveurs de Google et sans y stocker sa collection toute entière. Pourtant, le service est gratuit et illimité si l'on accepte une optimisation des médias et une réduction pour les photos de plus de 16 Mégapixels et les vidéos qui dépassent le 1080p.

Pour une qualité optimale, il faut payer, et Google n'est pas très bon marché. Comptez 2 $ par mois pour 100 Go de stockage ou bien 10 $ le mois pour 1 To.

Comparaison des tarifs de Google photos (gauche) et iCloud Photos (droite).
Comparaison des tarifs de Google photos (gauche) et iCloud Photos (droite).

Côté Apple, Photos fonctionnera totalement sans lien avec les serveurs d'iCloud, c'est même sa principale différence avec son concurrent. On peut donc l'utiliser gratuitement, dans la limite de l'espace disponible sur le terminal. En payant, on peut dépasser cette limite : Apple transfère toutes vos photos et vidéos sur ses serveurs et supprime les copies locales pour faire de la place sur le terminal.

Si on choisit cette option payante, la grille tarifaire est plus simple : 1 € par mois pour 50 Go, 3 € pour 200 Go ou 10 € pour 1 To.

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