Apple est loin d'en avoir fini avec Siri. L'assistant intelligent, lancé en 2011 sur l'iPhone 4S et qui a fait son trou depuis sur tous les terminaux mobiles, pourrait faire son apparition sur Mac avec OS X 10.12, transformer le futur Apple TV en assistant domestique, et même s’ouvrir aux développeurs.
Mais Siri souffre toujours d'une mauvaise image : la reconnaissance vocale est parfois capricieuse, en particulier dans d'autres langues que l'anglais, et il peut arriver trop souvent que les réponses données par l'assistant soient à côté de la plaque, ou tout simplement frustrantes par leur imprécision.
En face, la concurrence n'a pas attendu pour muscler les capacités de leurs assistants. Google Now, Alexa, Cortana se montrent fréquemment plus précis et plus pertinents dans leurs réponses que Siri. Et que dire des futurs Google Assistant et Viv qui exploitent la localisation, le contexte et les données personnelles de l'utilisateur avec une grosse dose d'intelligence artificielle (lire : Viv a présenté un assistant intelligent très porté sur les services).
Apple doit donc sérieusement muscler son jeu afin de se hisser au niveau de la concurrence et, si possible, faire mieux. L'entreprise pourrait bien y parvenir grâce à VocalIQ, une start-up anglaise acquise l'an dernier (lire : Intelligence artificielle : Apple achète la start-up VocalIQ). Cette jeune pousse voulait à la base développer un système d'assistant intelligent destiné au monde de l'automobile, mais la technologie développée par ces spécialistes a tapé dans l'œil d'Apple, qui serait en train d'injecter cette matière grise dans Siri.
Le produit mis au point par VocalIQ serait, d'après une source qui a craché sa Valda à Tech Insider, capable d'en remontrer à la concurrence. Il est plus robuste et plus compétent que les autres services en activité. Si impressionnant qu'Apple a fait un gros chèque avant même que l'application soit finalisée.
Avant l'achat de VocalIQ, un test a été réalisé opposant cette technologie à Siri, Google Now et Cortana. Les résultats n'ont pas été à l'avantage de la concurrence. VocalIQ sait répondre à des questions très complexes en langage naturel, comme « Trouve un restaurant chinois avec un parking et le Wi-Fi et où je puisse emmener les enfants ». Aucun assistant du marché ne sait répondre à ce genre de requête. Globalement, le taux de réussite de VocalIQ a été de 90%, contre 20% pour les autres sur ce type de demandes.
Mieux encore, VocalIQ retient le contexte. En reprenant l’exemple ci-dessus, si on souhaite finalement manger mexicain mais avec les mêmes conditions, il suffit de demander « Trouve moi un restaurant mexicain à la place ». Pas besoin de redemander le parking ou le Wi-Fi, VocalIQ a retenu ces informations. Dans une certaine mesure, Siri aussi sait retenir le contexte, mais cela reste très basique.
L’assistant de VocalIQ a été imaginé pour être utilisé sans avoir besoin de regarder l’écran : sa nature même — un assistant pour l’automobile — explique pourquoi les concepteurs de la technologie voulaient éviter à l’utilisateur de devoir tapoter quelque part. Par exemple, le système peut gérer les e-mails simplement à la voix sans avoir à sortir l’iPhone de la poche (et il en ira de même si d’aventure il est possible de parler à un Apple TV déconnecté de son téléviseur). Dans ce cadre, on comprend pourquoi il est absolument impératif que l’assistant soit suffisamment malin pour interpréter correctement les requêtes.
Pour parvenir à ces résultats, VocalIQ a « ingurgité » 10 000 questions enregistrées par des anonymes recrutés via la plateforme Mechanical Turk d’Amazon. L’idée était d’entraîner le système à reconnaitre et interpréter différents mots, intonations, accents. Au bout du processus, l’assistant était déjà capable de bien comprendre ce qu’on lui demandait. Siri de son côté enregistre un milliard de requêtes chaque semaine, pour les résultats que l’on sait : si VocalIQ « bat » déjà Siri avec un volume si faible de demandes, qu’en sera-t-il si jamais ce dernier atteint le niveau de requêtes de Siri ?
Le portrait brossé par Tech Insider est impressionnant. VocalIQ a effectivement de quoi ringardiser Siri et ses limitations. Mais le site prend bien garde à ne pas souffler de détail concernant l’implantation de cet assistant au sein de Siri. Apple pourrait se contenter d’injecter des nouveautés au fur et à mesure, comme l’entreprise le fait actuellement pour Siri en y ajoutant de nouveaux services au compte-goutte. Pour marquer le coup face à une concurrence affûtée, on imagine plutôt que la Pomme voudra lancer ce « nouveau » Siri en grande pompe. La WWDC est proche…