C’est une des grosses nouveautés d’iOS 9 : l’application News, qui ressemble beaucoup à un clone de Flipboard, apportera aux utilisateurs d’iPhone et d’iPad leur lecture quotidienne. Ils pourront accéder à une sélection d'articles réalisée par une équipe de journalistes embauchés par le constructeur de Cupertino, embarquer les flux RSS de leurs sites préférés, et accéder à des histoires spécialement mises en forme pour News. C’est une manière pour Apple de remplacer le Kiosque, l’app de lecture et de gestion des abonnements à la presse numérique, qui n’a jamais réussi à s’imposer.
Si du côté de la mise en forme, on peut faire confiance à Apple pour offrir quelque chose de joli, il reste à traiter la question de la monétisation, les éditeurs et leurs rédactions ne vivant malheureusement pas d’amour et d’eau fraîche. Le New York Post a reçu quelques indiscrétions à ce sujet et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’en coulisses les relations entre Apple, la presse et les régies publicitaires sont loin d’être au beau fixe.
Un des éditeurs de presse explique, sous couvert d’anonymat, qu’Apple News lui offre une manière originale de distribuer son produit, mais le service ne lui donne « aucun moyen de le monétiser ». Devant les difficultés rencontrés par les éditeurs, Tim Cook aurait accepté d’assouplir certaines dispositions ; c’est notamment le cas des liens intégrés aux articles permettant d’ouvrir les dépêches sur le site web de la publication. Auparavant, cette fonction, assez basique tout de même, n’était pas autorisée…
La pub coince
Apple a noué plusieurs partenariats avec des titres importants de la presse US : CNN, Time, Vox Media ont ainsi accepté de livrer la majeure partie de leurs contenus à Apple News, tandis que d’autres comme le New York Times ou le Wall Street Journal se contenteront d’une poignée d’articles chaque jour — ces publications sont habituellement proposées derrière un paywall.
Du côté des annonceurs et des régies pub, Apple News fait grincer les dents. Certaines fonctions devenues très courantes, comme les enchères en temps réel pour les placements, ne font pas partie du lancement. De plus, Apple exige de valider les publicités — y compris les réclames avant les vidéos —, ce qui demande 48 heures de battement. Le processus est « très difficile » à négocier, d’après une agence.
Surtout, Apple News refuse de prendre en charge un des outils les plus populaires du marché pour le placement et le tracking publicitaire : il s’agit de Doubleclick, la plateforme de Google. Apple utilise « clairement » Apple News afin de muscler sa propre plateforme iAd, s’inquiète SimpleReach, une société de marketing en ligne. « Apple sait qu’ils ont suffisamment d’influence étant donné leur distribution, mais les éditeurs sont aussi très prudents ».