L'internet des objets — assistants vocaux, domotique, montres connectées — s'est invité à la table de la Commission européenne qui s'intéresse à ce secteur. À terme il pourrait nécessiter d'être régulé afin de l'ouvrir à davantage de concurrence et d'interopérabilité.
La Commission a publié les conclusions d'une enquête sectorielle démarrée en juillet 2020, à laquelle ont contribué 200 entreprises de toutes tailles, basées en Europe, aux États-Unis ainsi qu'en Asie. D'abord, une évidence, ce secteur de l'internet des objets (IDO) est en croissance continue. Ses acteurs, leurs logiciels, matériels et services se sont installés dans notre quotidien.
Évaluées à 105,7 milliards d’euros en 2019, les recettes générées par les produits de l'IDO devraient progresser à un peu moins de 405 milliards d'ici 2030.
Mais il s'avère aussi que le domaine est principalement guidé par trois grands groupes — Google, Amazon et Apple — où chacun est à la fois juge et partie quant à la possibilité pour des tiers de proposer des produits compatibles. Ces entreprises sont propriétaires des systèmes avec lesquels un autre fabricant devra s'intégrer. Ils sont seuls décisionnaires quant à l'attribution d'une homologation basée, là encore, sur les critères qu'ils ont définis unilatéralement.
Le rapport ne cite aucun exemple mais on peut penser au cas de Sonos qui a accusé Google de lui avoir interdit, en 2018, de proposer aux utilisateurs de ses enceintes d'activer simultanément Assistant et Alexa. Au lieu de ça, c'est ou l'un ou l'autre. La même accusation a été portée à l'encontre d'Amazon.
Apple, Amazon et Google peuvent aussi exercer une concurrence au travers de leurs propres produits, en se gardant quelques fonctions qu'ils ne rendront pas disponibles à leurs partenaires. Une situation que peut renforcer la collecte de données auprès des utilisateurs qui ne profite qu'aux propriétaires de ces plateformes.
En outre, ces grands acteurs disposent aujourd'hui d'une assise technologique et financière telle, qu'il est difficile sinon impossible à un nouvel entrant d'espérer se mesurer à eux avec une autre plateforme ou un autre assistant vocal.
« Ce marché est caractérisé par des barrières élevées à l'entrée, un nombre réduit d'acteurs verticalement intégrés et des préoccupations, notamment, quant à l'accès aux données, à l'interopérabilité ou aux pratiques d'exclusivité » écrit Margrethe Vestager, vice-présidente exécutive chargée de la politique de concurrence.
Le rapport va servir de fil conducteur pour définir de futurs moyens de contrôle et de réglementation de ce marché. À moins que les protagonistes eux-même n'évoluent dans leur stratégie et que cette initiative européenne ne les oblige « à agir de manière proactive pour remédier à ces préoccupations ».
Le regroupement de tous les acteurs de la domotique autour d'un futur standard comme Matter — même s'il ne répond pas à toutes les problématiques évoquées — peut être considéré comme un premier pas dans la bonne direction.
Domotique : Matter prend du retard