Vizio fait partie des fabricants de téléviseurs qui ont annoncé l'intégration de logiciels Apple. Dans le cas de cette importante marque américaine il s'agit d'AirPlay 2 et de HomeKit (Samsung par exemple offrira un autre mix, semble-t-il dépourvu d'HomeKit).
Dans une interview accordée à The Verge, Bill Baxter, directeur technique de Vizio, a expliqué l'intérêt de cette intégration (refusant de dire depuis quand Apple avait entamé les discussions). Il parle aussi de quelques-uns des ressorts économiques derrière la vente de téléviseurs, lesquels peuvent expliquer pourquoi Apple ne s'est pas précipitée pour lancer le sien.
Google Assistant, Alexa et maintenant Siri, à compter du printemps les téléviseurs de Vizio seront dotés des principaux assistants du marché. « Cela va simplifier le travail des vendeurs lorsqu'ils doivent proposer un récepteur à leurs clients » suggère Bill Baxter.
Plus besoin de leur demander s'ils ont un téléphone Android ou d'autre système. Pour le fabricant il s'agit pareillement de supprimer les obstacles à l'entrée de ses produits dans la maison : « On veut être sûr que si votre foyer est Apple, s'il est Google ou Amazon, nos téléviseurs s'intègrent dans la maison, que ça ne représente pas une complication au moment de l'achat ».
Dans la suite de la conversation il explique franchement pourquoi des téléviseurs collectent des informations sur ce que les utilisateurs regardent : « C'est dans le cadre d'une monétisation après achat du téléviseur. Cette industrie est un coupe-gorge. C'est un secteur avec des marges de 6 %. C'est plutôt sans pitié. ».
Les postes de télé appartiennent à une catégorie où la concurrence est vive et où les renouvellements sont lents. Le responsable de Vizio parle d'une moyenne de 7 ans pour ses produits, ça peut être encore plus. Il s'agit de trouver une autre source de revenus pour compenser des prix de vente relativement bas.
Une situation qui peut justifier l'absence d'Apple sur ce marché avec ses propres téléviseurs. Plusieurs fois la rumeur a parlé de modèles en labo qui n'ont finalement jamais franchi le cap du prototype. La Pomme étant plutôt habituée aux marges à deux chiffres (38 % de marge brute déclarée lors du dernier trimestre fiscal), celles que décrit Vizio sont forcément loin de ce confort.
On pourrait voir dans cette ouverture d'Apple aux fabricants de TV la tentative d'en apprendre plus sur ce marché, comme elle le fit avec iTunes et le Rokr de Motorola pour les téléphones. Mais l'explication la plus sensée est plus sûrement pour Apple de planter un autre drapeau dans les foyers et de préparer le terrain pour son futur service de vidéo.
Malgré ces marges faméliques, Vizio continue de mettre à jour les firmwares d'anciens modèles lorsque c'est possible et, en parallèle, il s'appuie sur d'autres sources de revenus :
Il existe des moyens de monétiser ce téléviseur et les données en sont un, mais ce n'est pas le seul […] Vous faites un peu d'argent par ici, un peu d'argent par là. Vous vendez des films, des émissions de télévision, des publicités.
Bill Baxter insiste sur la transparence dont fait preuve son entreprise vis-à-vis de ses clients quant à ce qui est collecté. Et pour cause, il y a deux ans, la société a reçu un coup de bâton sur les doigts : une amende de 2,2 millions de dollars. Il lui a été reproché de ne pas avoir dit à 11 millions de ses clients, depuis 2014, que ses appareils récupéraient par défaut leur historique de visionnage pour le revendre à des tiers.
Le cadre de Vizio n'est pas entré dans le détail de l'accord signé avec Apple mais il a déclaré que l'entreprise honorait les demandes de son partenaire en matière de respect de la vie privée. Samsung de son côté avait confirmé que la nouvelle app iTunes développée pour ses téléviseurs ne transmettait pas d'infos sur ce que le téléspectateur en faisait.