Les éditeurs privilégient souvent iOS au détriment d'Android : les utilisateurs d'iPhone et d'iPad profitent des apps les plus intéressantes avant leurs camarades d'en face. Cela a été le cas avec Super Mario Run par exemple, mais on pourrait multiplier les exemples. La raison en est simple : la plateforme iOS compte des centaines de millions d'utilisateurs qui dépensent deux fois plus que sous Android (lire : Téléchargements records sur Google Play, mais l'App Store reste le plus rémunérateur).
Les choses sont très différentes sur le marché des box de streaming TV. Selon des chiffres concernant les États-Unis qui datent de juillet dernier, l'Apple TV se trainait avec 21,3 millions d'unités, loin derrière le Fire TV d'Amazon (35,8 millions), le Chromecast (36,9 millions) et le Roku (38,9 millions). Le boîtier d'Apple est également derrière les consoles de salon, qui sont aussi souvent utilisées pour du streaming (la PS4 est à 29 millions d'unités, la Xbox One 22 millions).
Dans ces conditions, tvOS n'est pas une plateforme d'exception pour les services de distribution de contenus : c'est simplement une plateforme comme une autre et même plutôt moins intéressante que la concurrence. Pour Pavan Rajam, c'est en grande partie ce qui explique pourquoi des applications comme Amazon Prime Video et la nouvelle version de YouTube sont mal adaptées à l'Apple TV.
Pourquoi les éditeurs devraient-ils investir de précieuses ressources pour optimiser leurs applications à destination de la plateforme la moins populaire ? Google a ainsi privilégié la version PS4 de son app YouTube (sortie l'automne dernier pour la console de Sony). tvOS n'était pas la priorité du moteur de recherche, qui a adapté l'application a minima en ne tenant pas compte (ou si peu) des spécificités de l'interface et des possibilités d'interaction de l'Apple TV.
Et c'est un gros problème pour Apple, qui fait payer sa box plus cher que la concurrence. Quelle est la plus-value de l'Apple TV si les apps qui y sont proposées ressemblent à celles que l'on trouve sur un Roku d'entrée de gamme à 35 € ? Et Apple ne peut pas non plus miser sur les jeux vidéo pour différencier son produit des autres (lire : L'Apple TV ne joue toujours pas).
La situation n'est toutefois pas désespérée. D'une part, l'Apple TV est évidemment totalement intégrée dans l'écosystème d'Apple, que ce soit avec AirPlay, Photos, Apple Music, et plus tard peut-être avec le futur service de vidéo composé de contenus exclusifs. L'iTunes Store aussi est un atout avec ses séries TV (tout n'est pas parfait, certes) et son catalogue de films en 4K HDR à prix abordables.
Mais en termes d'applications tierces, et à l'exception d'Amazon Prime Video, une app — pourtant médiocre — fortement promue par Apple, il n'y a pas grand chose à se mettre sous la télécommande Siri. Comme pour l'Apple Watch, où plusieurs grands noms ont déserté la boutique d'apps, la plateforme TV n'était peut-être pas la mieux adaptée à la reproduction du modèle qui a tant réussi à l'iPhone.
L'avenir de l'Apple TV pourrait bien être dans celui d'agrégateur de contenus vidéo. La Pomme a d'ores et déjà mis un pied dans ce domaine avec l'excellente application TV qui peut aisément remplacer l'écran d'accueil et sa grille d'apps.