Bouygues a été le premier FAI à annoncer la prise en charge de Netflix sur ses box internet (en l'occurrence, la Bbox Sensation et la future box Android). Orange, qui n'était pourtant pas très chaud à l'idée de jouer le « cheval de Troie » du service américain de vidéo à la demande sur abonnement (sVOD), va finalement proposer la même chose sur ses propres box en novembre, soit en même temps que son concurrent.
Netflix est déjà disponible sur bon nombre de plateformes, dont l'Apple TV et les terminaux iOS en mode « over the top » : la qualité dépend alors de la bande passante disponible. La présence du service de sVOD sur les box internet des FAI, qui bascule alors en mode IPTV, lui permet d'affiner sa qualité de service, notamment par le biais de la priorisation des flux sur le réseau du fournisseur d'accès.
On ignore la teneur de l'accord qui lie Netflix à Bouygues et à Orange, tout particulièrement en termes financiers. Habituellement, quand un service de télévision souhaite être disponible sur une box, il doit verser une commission de 30% à l'opérateur. Durant les négociations qui ont eu lieu avant le lancement, ce 15 septembre, de Netflix, il se murmurait que l'entreprise de sVOD ne proposait que 10% à ces mêmes FAI… Et c'est sans compter la consommation de la bande passante : aux États-Unis et suivant la plage horaire, Netflix peut représenter 35% du trafic ! Certes, avec 100 000 abonnés et une infrastructure digne d'un opérateur, Netflix ne va pas mettre à genoux l'internet français, du moins pas dans l'immédiat (il faudra muscler le catalogue entre temps).
Sur le sujet délicat de la bande passante, Stéphane Richard, le PDG d'Orange, a apporté une précision au micro de France Info (via Les Numériques). Il existe deux volets dans l'accord liant Orange à Netflix : un volet « distribution » et un volet « réseau ». Sur le premier, Stéphane Richard ne dit rien (et surtout pas le niveau de la commission).
Pour ce qui concerne la partie réseau, le patron d'Orange explique que Netflix participe « à la charge qui pèse sur le réseau ». Évidemment, aucun chiffre n'est donné, mais ce type d'accord ressemble un peu à ceux noués entre Netflix et plusieurs opérateurs américains comme Comcast, et qui interroge la neutralité du net (lire : Accord Netflix-Comcast : la neutralité du Net mise à mal).
Cette interview est aussi l'occasion pour Stéphane Richard de revenir sur plusieurs autres sujets d'actualité particulièrement chauds. La redevance sur les smartphones, tablettes et ordinateurs que François Hollande a remis sur le tapis ? « J'ai l'impression que la redevance, on la paie déjà », explique t-il en déclinant les deux taxes versées par les FAI au monde de la création audiovisuelle (le COSIP et la taxe Copé), « ce n'est pas le moment de nous coller encore de la fiscalité ».
L'ouverture des fréquences 700 Mhz, dites « fréquences en or » en vertu des possibilités qu'elles offrent (lire : Fréquences 700 MHz en 2015 : vers une nouvelle course entre les opérateurs), est qualifiée de « positive » , mais évidemment, « tout dépend des conditions financières ». « On va voir qui est prêt à sortir le chéquier », ce qui devrait être le cas d'Orange puisque l'« actif » de ces fréquences est considéré comme « essentiel pour l'avenir ». Pas question donc de laisser la part du lion à Free, si on lit entre les lignes : le gouvernement souhaite tirer de ces enchères 2 milliards d'euros, qui sont déjà inscrits dans le projet de loi sur les Finances 2015. Il vaut donc mieux que la bataille soit la plus chaude possible entre les intéressés.
Pendant ce temps, d'après ElectronLibre, SFR grillerait tranquillement la politesse à Orange et Bouygues en proposant dès demain mercredi le support de Netflix dans le décodeur Google Play (mis à jour pour l'occasion) de ses abonnés.