Avec le Fire TV, Amazon se lance à l'assaut de l'Apple TV, de Roku et de Google (et sa clé HDMI Chromecast). Le constructeur ne manque pas d'atouts, à commencer par un gros catalogue de contenus; mais au delà du discours marketing calibré de la présentation d'Amazon, que vaut vraiment ce nouveau concurrent sur le marché des set top box (lire : Fire TV : Amazon lance son concurrent à l'Apple TV) ? Les premiers tests de la presse internet américaine dessinent une expérience contrastée.
L'atout majeur du Fire TV, relevé par ces premières prises en main, est sans aucun doute la vélocité du boîtier. Le processeur quad-core (un Krait 300 de Qualcomm cadencé à 1,7 Ghz) accomplit des miracles pour le lancement des apps ou d'une vidéo, tandis que le démarrage de l'appareil est instantané. Amazon s'est arrangé pour que les films démarrent de suite, y compris sur Netflix et consorts, tout dépendant évidemment de la qualité de la connexion à internet. Malgré son âge, l'Apple TV est néanmoins capable de prouesses très proches (pas de différences notables entre les deux boîtiers, d'après Dave Smith de ReadWrite).
La fonction X-Ray fait semble t-il des merveilles si l'on possède un Kindle Fire HDX. Ce service affiche en effet des informations (tirées de la base de données IMDB, propriété d'Amazon) sur le film joué par le Fire TV, sur la tablette. Malgré la richesse d'IMDB, X-Ray n'est pas disponible pour tous les films et séries TV. Il faudra de plus se contenter pour le moment du support de cette seule tablette.
Une des principales critiques peut aussi s'appliquer à l'Apple TV. Le Fire TV ne permet pas de rechercher parmi tout le contenu disponible dans les différentes applications et services vidéo auxquels l'utilisateur est abonné - il faut rechercher boutique par boutique. Voice Search, qui se déclenche en appuyant sur un bouton de la télécommande, se montre certes performant d'après les différents tests, mais elle n'affichera que les résultats en provenance du catalogue d'Amazon, ce qui peut provoquer quelques incompréhensions : Dave Smith ne comprend pas pourquoi le Fire TV ne lui propose que d'acheter le film The Avengers alors qu'il est disponible gratuitement sur Netflix… C'est un problème qui ne se pose pas avec Roku, dont le boîtier propose lui la recherche universelle.
Les contenus de Netflix ou d'Hulu Plus, des services pré-installés dans le boîtier, ne sont pas pris en compte par la fonction de reconnaissance vocale, ce qui n'est pas le cas de la recherche sur l'Apple TV via un iPhone ou un iPad (lire : Le Fire TV reconnait la voix ? L'Apple TV aussi !). Cette fonction ne fait aucune discrimination entre l'iTunes Store et les autres apps : la recherche vocale d'iOS fonctionne dans YouTube, Netflix, et autres. Amazon aura évidemment tout loisir de rajouter Voice Search dans les services tiers.
Le jardin fermé d'Amazon s'applique également à la recopie vidéo, qui n'est disponible qu'avec le Kindle Fire HDX, ce qui limite franchement les possibilités. Mais le constructeur a promis un support à venir pour les terminaux Android et iOS. Il en va de même pour les diaporamas photo : si l'on stocke ses clichés sur le Cloud Drive d'Amazon, alors le Fire TV pourra accéder à cette bibliothèque sans rien demander. Sinon, point de salut (le Flux de photos d'Apple n'est pas pris en charge, ce qui est le cas de toutes les autres box à l'exception de l'Apple TV, bien évidemment).
Les jeux (dont la rumeur annonce l'arrivée sur l'Apple TV de prochaine génération) sont un autre des atouts mis en avant par Amazon. Dans les faits, il s'agit d'adaptation de titres Android existant, comme Asphalt 8, Riptide GP 2 ou Minecraft. Le catalogue n'est pas ébouriffant, et on est évidemment loin de la qualité des consoles de salon classiques (qui coûtent beaucoup plus cher, tout comme leurs jeux). À l'instar de l'Apple TV, le Fire TV embarque 8 Go de stockage, ce qui sera sans doute un peu juste le jour où les « gros » jeux de type Real Racing débarqueront.
Amazon mise clairement sur cette fonction : l'entreprise s'est offert les services des designers de Portal et Far Cry 2, Kim Swift et Clint Hocking, sans oublier le rachat de Double Helix (Killer Instinct) pour alimenter son catalogue. Les acheteurs de Fire TV recevront d'ailleurs un jeu exclusif, Sev Zero, un clone de Halo. Amazon vend à part une manette à 40$ dont la qualité oscille entre bonne et moyenne (il est aussi possible de jouer avec la télécommande fournie mais l'expérience n'est pas très concluante).
Au final, le Fire TV est proche du concept de l'Apple TV : il s'agit d'un boîtier qui permet d'accéder facilement et en priorité aux contenus proposés par Amazon (l'iTunes Store pour l'Apple TV). Si l'utilisateur est un accro des services Amazon (Instant Video, abonnement Prime, Cloud Drive…) alors le Fire TV se définira comme une extension naturelle dans le salon. Ce qui ne sera pas sans poser de problème le jour où le constructeur voudra se lancer ailleurs qu'aux États-Unis, où le catalogue de films et séries TV est très pauvre.
Mais comme le rappelle Dave Limp, vice-président en charge de l'activité Kindle, si le Fire TV n'est pas adapté aux besoins de certains utilisateurs, ils pourront toujours se tourner vers la concurrence : après tout, les consoles de jeu et boîtiers TV sont aussi vendus sur Amazon…
Sources :