Le marché français fait saliver Netflix, qui s'emploie depuis plusieurs mois à contourner les chausses-trappes placées ici et là par des lobbies qui ont une oreille très attentive du côté du ministère de la Culture. Le 24 mars, la ministre Aurélie Filippetti recevra les dirigeants du groupe, rapporte Les Echos - début décembre, David Hyman (dirigeant du conseil) et Christopher Libertilli (patron des affaires publiques) avaient déjà été reçus à l'Élysée (lire : Netflix pourrait lancer sa VOD en France dans moins d'un an).
Les autorités veulent savoir quelles sont les intentions de Netflix, en particulier au niveau fiscal et réglementaire. Il serait mal vu de voir le groupe américain s'installer au Luxembourg ou en Irlande afin de bénéficier d'une imposition allégée. Vendredi dernier, Aurélie Filippetti a souhaité entendre tous les acteurs du secteur, complète BFM : chaînes de TV, producteurs, services de VOD concurrents, et même les fournisseurs d'accès. Le but : s'entendre pour faire en sorte que l'arrivée de Netflix en France soit profitable à tous (ce qui pourrait au passage être interprété comme une entente illicite, comme le craignent des protagonistes).
La ministre aurait tenté de pousser les producteurs à ne pas céder les droits de leurs contenus à Netflix; peine perdue : en cette période de vache maigre, faire la fine bouche devant la manne de l'Américain n'est sans doute pas un très bon calcul. En revanche, Aurélie Filippetti n'interdit pas aux FAI de distribuer Netflix sur leurs box, y compris si le service s'installe au Luxembourg. À Radio Classique, Stéphane Richard le PDG d'Orange a confirmé que « Netflix est allé au contact des opérateurs », mais qu'actuellement, « tout ça est encore très imprécis ».
Autre arme à disposition des pouvoirs publics : les services de VOD acceptant de s'immatriculer en France bénéficieraient d'une législation plus douce en matière de chronologie des médias. Les entreprises installées en France pourraient ainsi diffuser un film de cinéma deux ans après sa sortie en salles, contre trois ans actuellement. Un argument qui pourrait ne pas convaincre Netflix, dont le succès est surtout dû aux séries TV qui n'ont pas à respecter cette fameuse séquence. Le ministère de la Culture tourne également autour d'une poignée de mesures financières qui risquent de ne pas passer la rampe à Bruxelles, comme la subvention de services de VOD français ou la taxation des services étrangers vendant du contenu VOD en France.
Des rencontres, cette fois aux États-Unis, entre des représentants du gouvernement et Netflix, sont également prévues, tandis que la société de Reed Hastings s'est mise en quête d'un directeur général et d'une agence de communication en France. En plus de l'Hexagone, Netflix espère se lancer en Allemagne cette année.