En matière de jeu vidéo, Chris Sawyer est loin d'être un inconnu. Le créateur de Transport Tycoon et de Rollercoaster Tycoon a vu ses titres adaptés à iOS. Une réussite dans le cas de Transport Tycoon [5,99 €], un ratage complet pour RollerCoaster Tycoon 4 Mobile [2,69 € (achats in-app)], développé par Atari avec l'appât du gain comme seul horizon. En cause une fois de plus, les micro-paiements qui, mal utilisés, pourrissent littéralement l'expérience du joueur.
Chris Sawyer a justement été interrogé par TouchArcade sur cette question qui soulève les passions. S'il préfère personnellement le modèle économique du premium (l'achat du jeu une bonne fois pour toute), il y a selon lui une vraie place pour le freemium (téléchargement gratuit, puis micro-paiements).
Le modèle premium a été choisi pour la version iOS de Transport Tycoon : « Les joueurs obtiennent beaucoup de contenus pour un achat unique, et ils peuvent apprécier le jeu de la manière qu'ils souhaitent, sans avoir à craindre des micro-paiements ultérieurs ». Le titre, proposé à 5,99 €, continue d'ailleurs d'être mis à jour : la version 1.1 disponible depuis début avril apporte ainsi de nouveaux scénarios en solo ainsi qu'une bande-son remastérisée. De quoi justifier largement l'investissement initial.
Et il n'était pas question de glisser dans le jeu des interstitiels ou un « paywall » obligeant le joueur à débourser quelques euros afin de continuer à progresser. « Il serait à la fois frustrant et source de distraction si les joueurs étaient constamment poussés à dépenser de l'argent pour des micro-paiements, ou pire encore, si leur progression dans le jeu était dépendante des achats in-app », souligne-t-il. On croirait lire la description occulte de la plupart des jeux freemium… ou celle de RollerCoaster Tycoon 4 qui, bien que payant, est truffé d'achats in-app quasiment obligatoires !
En ce qui concerne ces jeux où il est fortement conseillé d'acheter de la monnaie virtuelle afin d'accélérer la construction d'un bâtiment ou l'accomplissement d'une tâche (la réparation d'une voiture dans Real Racing 3, par exemple), Sawyer a également des mots durs : « Je ne suis pas un grand fan de ces achats in-app où les joueurs sont encouragés à dépenser de l'argent pour prendre des raccourcis. Cela fausse le jeu et récompense ceux qui sont prêts à dépenser, plutôt que les utilisateurs qui sont prêts à jouer le jeu. [Ce type de jeu] donne le sentiment de jouer à une machine à sous ».
Qu'on l'apprécie ou pas, le freemium n'est pas une mode : c'est une tendance de fond qui touche toutes les plateformes de jeu, pas seulement iOS ou Android… et il faudra vivre avec, même si le système n'a pas que des défauts. « Je m'attends à ce que le free-to-play soit là pour durer. C'est une des nombreuses manières de financer les coûts de développement et de marketing d'un jeu ».
Il faudra aussi que les distributeurs, Apple en tête, sachent positionner le curseur au bon endroit. Aux États-Unis, Apple s'est ainsi entendue avec la FTC sur cette question. Quant à l'avenir, tout reste à écrire : « Les plateformes mobiles sont maintenant suffisamment puissantes pour faire fonctionner des jeux de qualité PC », estime Sawyer. Des plateformes qui permettent « une grande profondeur de jeu comme Transport Tycoon, avec une interface tactile qui s'adapte parfaitement à ce type de titre ».