Nous avons déjà eu l'occasion, à plusieurs reprises, d'évoquer les difficultés de certains développeurs à gérer leurs ventes sur l'App Store. Entre les applications rejetées par Apple et celles qui menacent de transformer l'App Store en Crap Store, nombre d'entre eux ont le blues. Deux nouveaux éléments confirment ces difficultés.
Il est plus facile de vendre des mauvaises applications...
D'une part, cette histoire étonnante d'un jeune développeur néo-zélandais de 22 ans, auteur de plusieurs applications pour iPhone et iPod touch et qui, en panne d'inspiration, décide d'inspecter la liste des dix plus vendues pour trouver un concept à succès. Et derrière le pseudonyme High Gloss qui lui permet de protéger le reste de son travail, il décide de créer une application sans intérêt, mais du même acabit que celles en tête des classements. Vingt minutes et dix lignes de code plus tard, Sound Grenade [1.1 – US – Financée par la publicité] était née !
Cette application est, de l'avis même du développeur, nulle et sans intérêt. Elle se résume à une image fixe et un son strident qui se produit quand on appuie sur un bouton, l'objectif n'étant que de déranger son entourage. Manifestement, les clients de l'App Store n'ont pas trouvé l'application inutile, loin de là puisqu'elle a été propulsée en une semaine dans les tops 10 de quasiment tous les App Store du monde. En France, Sound Grenade est actuellement classée troisième par exemple.
Un succès qui a surpris le développeur qui a dépassé les 100 000 ventes sur une journée et obtenu plus de 600 commentaires sur l'App Store américain. Il en tire des conclusions amères : si la plateforme mobile d'Apple est sans conteste la meilleure, les consommateurs veulent des "craps" (merdes en anglais) et il est bien plus facile de réussir avec un coussin péteur virtuel qu'avec une application sérieuse.
Cependant, le Néo-Zélandais ne critique pas l'App Store en général, et essaie plutôt de profiter du succès énorme de son application. Ainsi, il a ajouté de la publicité à Sound Grenade, lui permettant de gagner jusqu'à 200 $ par heure. Il cherche, par ailleurs, à inciter les utilisateurs à lancer régulièrement son application : il pense, par exemple, ajouter un aspect communautaire en permettant de laisser un message expliquant pour Sound Grenade a été utilisée.
Cynique, mais réaliste, High Gloss conclut en expliquant qu'il adorait développer des applications intéressantes, mais qu'il fallait aussi gagner sa vie. Et en effet, on voit mal pourquoi il ne profiterait pas d'un tel succès : si certains sont prêts à payer, après tout...
Via AppleInsider
... que des applications sérieuses
La coïncidence est troublante : en même temps que cette histoire fait le tour des sites Internet spécialisés, on apprend que la société appcubby, évoquée déjà suite à la lettre ouverte de Hockenberry, commence une expérience pour le moins dangereuse. L'idée est de vendre moins cher sur l'App Store pour gagner en visibilité, et demander aux acheteurs heureux d'aider l'entreprise par des dons directs, sur le site officiel. Ainsi, toutes ses applications sont vendues à 79 centimes, le prix plancher donc.
Les éditeurs promettent de rendre compte de l'éventuel succès de cette expérience sur leur blog et il sera intéressant de la suivre. Elle n'est néanmoins pas sans risque, et ce, pour deux raisons. D'une part, ce prix plancher ne permettra pas à appcubby de vivre, sauf à atteindre des sommets en terme de ventes, ce qui somme toute assez improbable. D'autre part, rien ne dit qu'Apple laissera faire : récupérant 30 % des ventes, mais rien sur les dons, cette initiative représente, pour Cupertino, un manque à gagner important.
Quelle qu'en soit l'issue, elle renouvelle les interrogations sur l'App Store. Machine à succès parfois (lire : iShoot : joli succès de l'App Store), elle est aussi frustrante quand des développeurs y mettent du temps et de l'argent pour rien. Encore une fois, on ne peut qu'espérer qu'Apple travaille à une solution…