Joe Hewitt, le développeur de l'application Facebook pour iPhone, publie un billet rageur contre le système de validation d'Apple, et il ne prône rien de moins que sa suppression pure et simple! Las d'attendre l'approbation d'Apple pour la dernière mise à jour de son application, il considère qu'il serait préférable qu'une application soit disponible un jour avec un bug plutôt que de rester deux semaines de plus en gestation.
Il faut dire que Hewitt vient du monde web, et il justifie précisément sa position en prenant le web pour exemple : on peut y publier bien des horreurs, sans que le monde ne s'arrête de tourner. A ceux qui répondraient que les pages web n'ont pas le potentiel destructeur que peut avoir un code exécutable, il répond que les applications pour iPhone sont contenues dans des bacs à sable très restrictifs, et qu'à la rigueur le seul dommage qu'elles pourraient commettre serait de voler le contenu de votre carnet d'adresses : un problème qui pourrait selon lui être simplement réglé en affichant une demande d'autorisation de l'utilisateur, comme c'est déjà le cas pour la géo-localisation.
Fondamentalement, ce qui lui pose problème c'est le manque de confiance affiché par Apple, car la façon dont Apple se méfie des fauteurs de trouble le fait se sentir suspect par défaut. Il préconnise au contraire de s'en tenir à la présomption d'innocence, jusqu'à preuve du contraire, à l'image de Craig Hockenberry (voir notre une App Store : un succès et des doléances).
Mais Joe Hewitt oublie toutefois quelques composantes de la problématique inhérente à l'App Store, et la référence au web n'est clairement pas appropriée : il n'y a pas d'entreprise qui touche 30% de la totalité des échanges commerciaux qui s'effectuent sur le net. Si demain Apple touchait ne serait-ce qu'une poignée de dollars sur la vente d'une application présentant du contenu pédo-pornographique, c'en serait fini pour elle. La validation a posteriori n'est donc résolument pas applicable : tant qu'Apple touchera un pourcentage des ventes et qu'elle sera l'unique distributeur des applications, elle aura une responsabilité morale et juridique sur les applications pour l'iPhone. Une responsabilité qui entraîne donc l'implication d'Apple dans la validation des applications, à l'image de ce qui s'est toujours fait dans le monde des consoles de jeux par exemple, sans compter que si les applications publiées étaient très instables, ça s'en ressentirait sur l'appréciation qui est faite de l'iPhone en lui-même.