Mais pourquoi diable Komoot, une excellente application de randonnée à pied et à vélo, a-t-elle soudainement décidé de faire payer la synchronisation des itinéraires avec les appareils connectés ? Eh bien parce qu’elle a été achetée par Bending Spoons, « une entreprise technologique possédant et développant une série de produits grand public leaders dans leur catégorie », en fait une redoutable firme de capital-risque qui achète des services entre deux eaux pour les transformer en pompe à cash. Après « marche ou crève », voici venir « marche et paye ».

Markus Hallermann, qui a fondé Komoot en 2008 alors qu’il était encore étudiant, peut s’enorgueillir de l’avoir fait grandir jusqu’à ce qu’elle compte 45 millions d’utilisateurs. « Mais ce qui nous a permis d’arriver jusqu’ici n’est pas ce qui nous permettra d’atteindre la prochaine étape », explique-t-il, « le développement d’une entreprise ne demande pas le même état d’esprit ni les mêmes compétences que sa création ». Komoot a atteint une certaine maturité, mais n’arrive pas à passer à la vitesse supérieure, c’est précisément le stade auquel Bending Spoons aime intervenir.
Sauf que l’entreprise italienne emploie des méthodes radicales. Après avoir acheté Evernote en janvier 2023, elle a licencié la plupart de ses salariés et augmenté le prix de son abonnement. Bending Spoons a reproduit l’expérience avec Filmic, le Mosaic Group, MeetUp, WeTransfer, ou encore Brightcove. Réduites à la portion congrue, ces entreprises ont plus ou moins cessé le développement de leurs produits, mais considérablement augmenté leurs tarifs. Pour ne rien gâcher, Bending Spoons revend ses bases de données aux courtiers et monétise les usages avec des publicités.
Voilà pourquoi elle a attiré des bailleurs de fonds aussi hétéroclites que l’ancien CEO de Google Eric Schmidt, le joueur de tennis Andre Agassi, l’artiste The Weeknd, le réalisateur Taika Waititi, ou encore Xavier Niel. Selon le titre spécialisé Sportive, les 150 salariés de Komoot ont été prévenus qu’il faudrait s’attendre à une « coupe claire » dans les effectifs. Pour faire des économies, Bending Spoons devrait aussi s’attaquer aux opérations de sponsoring d’évènements sportifs.