Strava serre la vis sur l'utilisation que les apps peuvent faire de ses données avec le risque d'en pousser certaines hors de la piste.
Les utilisateurs de Strava et les développeurs d'apps qui en exploitent les données ont été avertis en fin de semaine dernière d'une série de changements importante sur l'utilisation de l'API d'accès à la plateforme. Cette API permet à des apps tierces de se brancher sur Strava, de récupérer les données d'activité de l'utilisateur pour ensuite les traiter et lui proposer différents services.
L'objectif déclaré de Strava est de mieux encadrer l'usage qui est fait de ces informations par des tiers et de renforcer la confidentialité pour l'utilisateur. Mais les nouvelles règles vont avoir des impacts profonds, comme l'explique DC Rainmaker.
D'abord, les apps tierces ne pourront plus afficher les données de l'utilisateur à d'autres personnes que lui. C'est un coup sur la tête pour celles où l'utilisateur peut partager ses infos avec d'autres personnes ou d'un groupe afin de recevoir des conseils ou consignes. C'est ce que font des services de coaching « humain » comme Final Surge ou Intervals.icu.
La seule chose permise à une app est de traiter ces données pour son utilisateur, sans autre intervention humaine. Pour Strava c'est un moyen d'éviter que ces informations personnelles n'aillent alimenter des contenus tels que des cartes d'activité d'utilisateurs Strava à un endroit donné et autres flux d'informations accessibles à tous.
Ensuite, interdiction aux modèles d'IA ou d'apprentissage automatique intégrés à des apps de s'entrainer avec les données de l'utilisateur. La crainte ici est que ce bannissement soit trop large et qu'il est vague. Si le changement répond à des inquiétudes légitimes face au pillage de données par des IA, il risque de mettre hors jeu des apps qui utilisent ces outils pour analyser les résultats de l'utilisateur et lui donner d'autres perspectives sur son activité physique pour l'accompagner.
Face aux premières critiques devant ce changement de pied soudain (les développeurs doivent revoir très vite leur app, avant la mi-décembre), Strava a tenté de tempérer la portée de ces changements. En vain, apparemment, les inquiétudes n'ont pas été calmées et même renforcées. Strava assure que moins de 0,1 % des apps qui utilisent son API seront concernées, mais cela ne dit rien du nombre d'utilisateurs. Des apps touchées de plein fouet peuvent avoir une belle base de clientèle.
Une solution pourrait être que les apps les plus impactées collectent leurs données directement à la source, les montres par exemple, sans passer l'étape de Strava. Mais l'app est devenue un pilier difficilement évitable en un tournemain. En outre, des équipements ne proposent que Strava comme interface de connexion pour exporter leurs données ou bien leurs API sont sommaires. Toutes choses qui font que Strava demeure un axe de circulation crucial pour l'échange des données mais un obstacle lorsque la route est barrée.