Spotify a soumis à Apple une version de son app contenant des informations sur ses formules d'abonnement dépourvues de tout lien externe. Apple exige malgré tout une commission sur les ventes, Spotify s'indigne et en appelle à Bruxelles.
Mise à jour le 25 avril avec des détails supplémentaires
Spotify a décidé de ne pas opter pour une distribution de son app en dehors de l'App Store comme le permet désormais le nouveau Règlement des marchés numériques en Europe. Son refus est lié à la création par Apple de la fameuse taxe dite Core Technology Fee (ou Commission technologique de base) qui finit par coûter cher aux éditeurs d'apps très populaires et génératrices de nombreux téléchargements.
DMA : Apple facilite (un peu) l’adhésion aux nouvelles règles de l’App Store pour les développeurs
L'imbroglio avec Apple se poursuit néanmoins au sein de l'App Store. Une mise à jour de Spotify reste bloquée par l'équipe de validation. Cette version a été modifiée pour informer les utilisateurs européens des formules d'abonnement existantes chez Spotify et sur la manière d'aller les trouver sur le site du suédois. Elle ne contient que des explications, pas de liens ou boutons qui pointent directement vers ces offres.
Spotify dit mettre à profit, de la manière la plus minimale qui soit, les changements imposés par l'Europe à Apple pour les plateformes de streaming musical concurrentes (lire aussi App Store : Apple fait un geste envers Spotify et les émulateurs). Mais ça coince pour des questions d'argent.
AppleInsider a publié la réponse de l'équipe de validation d'Apple envoyée à Spotify. Apple y fait référence au nouveau système mis en place pour les apps de streaming, le European Economic Area Music Streaming Services Entitlement. Apple explique à Spotify qu'il doit d'abord en accepter les termes pour que son application puisse avancer dans le couloir de la validation.
Là où les choses achoppent c'est sur ce qu'Apple nomme le "call to action", le fait de dire aux utilisateurs : « faites ceci et cela pour aller acheter un contenu hors de l'App Store ». Que Spotify intègre des boutons pour rediriger l'utilisateur vers ses formules d'abonnement — c'était son plan initial — ou qu'il se contente d'une explication textuelle, du point de vue d'Apple c'est pareil. Et cela se facture dans les deux cas.
Les conditions d'Apple stipulent en effet que pour toute vente d'un biens numérique réalisée dans les 7 jours qui suivent l'appui sur le bouton "Continuer" (avec lequel on confirme qu'on accepte de sortir de l'App Store pour effectuer une transaction), une commission de 27 % est attendue (elle descend à 12 % en cas de renouvellement de l'abonnement ou pour les PME). C'est écrit noir sur blanc mais cela met en rage Spotify qui en appelle à la Commission européenne, jugeant qu'Apple cherche à « punir » les développeurs avec de nouvelles taxes.
Pour Apple, cette commission est là pour la récompenser de son entregent et elle fait remarquer que d'autres achats, effectués peut être bien plus tard, lui passeront sous le nez :
Cela ne prendra pas en compte toutes les transactions qu'Apple a facilitées via l'App Store, mais constitue un moyen raisonnable de prendre en compte la valeur substantielle qu'Apple offre aux développeurs, notamment en facilitant les transactions liées.
Une précédente version de l'app soumise en mars par Spotify contenait ces descriptions de formules d'abonnement agrémentées de boutons. Cette mise à jour n'avait pas plus été validée par Apple (lire aussi Spotify demande une intervention de Bruxelles pour la validation d'une app chez Apple).
Retirer les boutons de l'interface dans cette autre mise à jour ne change rien aux termes du contrats auquel Spotify doit souscrire, mais le service suédois espère probablement qu'une nouvelle pression s'exercera sur Apple pour qu'elle amende ses conditions.
Ces changements imposés à Apple pour les services de streaming font partie de la décision de Bruxelles de lui infliger une amende 1,8 milliard d'euros pour abus de position dominante. Apple a fait appel.