En réponse aux procédures dont elle fait l’objet aux États-Unis et en Europe, Apple a modifié deux règles de l’App Store le 5 avril, avec des changements significatifs à la clé. La première règle modifiée concerne les applications de streaming de musique (guideline 3.1.1(a)). Celles-ci ont désormais le droit d’inclure un lien, pouvant prendre la forme d’un bouton d’achat, qui mène à une offre sur leur site web.
Cette nouvelle permission, valable uniquement dans l’Union européenne, est une réaction à la condamnation de la Commission européenne pour abus de position dominante sur le marché des applications de streaming de musique. Dans cette affaire intentée par Spotify, Apple a été frappée d’une amende de 1,8 milliard d’euros.
La deuxième règle modifiée est la 4.7, celle qui concerne les « mini apps, mini jeux, jeux en streaming et les chatbots. » Apple a ajouté une catégorie d’applications parmi celles-ci : les émulateurs de jeux. Ce changement vaut pour le monde entier.
Jusque-là, les émulateurs n’étaient tout simplement jamais mentionnés dans les guidelines de l’App Store et étaient donc bannis de la plateforme. À présent, ils sont officiellement reconnus par Apple et peuvent donc figurer dans sa boutique d’apps iPhone et iPad.
Est-ce que cela veut dire que vous pourrez installer un émulateur populaire, comme RetroArch, puis importer la ROM de n’importe quel jeu ? Ce n’est pas très clair. « Les applications d’émulation de console de jeu rétro peuvent proposer de télécharger des jeux », indique Apple à propos des émulateurs. Cette phrase prise seule peut laisser penser que la porte est grande ouverte au téléchargement de ROMs sur le web, sauf qu’elle est suivie de la phase suivante (qui n’est pas nouvelle) : « Vous êtes responsable de tout logiciel proposé dans votre application, et vous devez veiller à ce que ce logiciel respecte ces directives et toutes les lois applicables. » Or, certaines ROMs sont dans une zone grise.
L’interprétation la plus stricte que l’on fait de cette règle 4.7 modifiée est que les éditeurs de jeux vidéo, par exemple Sega, sont maintenant autorisés à publier des émulateurs dans lesquels il est possible de télécharger des jeux rétro supplémentaires. Quant à savoir si un émulateur communautaire compatible avec n’importe quelle ROM peut dorénavant figurer dans l’App Store, il faudra qu’un de ces projets fasse l’essai pour voir la réponse d’Apple.
Cette reconnaissance officielle des émulateurs semble en tout cas être une réponse à AltStore, la future boutique alternative qui devrait bientôt ouvrir ses portes en Europe avec à son catalogue Delta (ex-GBA4iOS), un émulateur de consoles Nintendo.
Quoi qu’il en soit, ne serait-ce que pour une raison technique, iOS ne va pas devenir du jour au lendemain la plateforme idéale pour tous les émulateurs : faute de pouvoir utiliser la compilation à la volée, ces programmes ne peuvent pas proposer des performances optimales, ce qui est problématique pour ceux destinés aux jeux 3D pas trop anciens.