Voilà qui épice cette fin de semaine : sous la pression de la Commission européenne, épicentre de la lutte contre les pratiques anticoncurrentielles, Apple est revenue sur sa décision de blackbouler Epic. Quatre ans après avoir supprimé le compte Apple Developer de l’éditeur de jeux vidéo, la firme de Cupertino avait laissé sa filiale suédoise ouvrir un nouveau compte, pour finalement le bloquer sur décision — c’est comme ça épicétou — de Phil Schiller en personne.
« Epic s’est engagée à respecter les règles, y compris notre politique sur le DMA, dans nos conversations avec l’entreprise », explique Apple dans une courte déclaration glissée à MacRumors, « par conséquent, Epic Sweden AB a été une nouvelle fois autorisée à signer le contrat de développement et rejoindre le programme Apple Developer. » Une décision aussi peu justifiée que celle de bloquer Epic, à ceci près que cette fois, la Commission européenne était montée au créneau pour exiger des « explications supplémentaires ».
Les explications attendront. Epic avait mis le feu aux poudres en contournant la validation de l’App Store pour proposer un système de facturation directe des V-Bucks, la « monnaie » virtuelle de Fortnite, le jeu de battle royale en free-to-play le plus populaire du monde. Apple avait répliqué en retirant Fortnite de l’App Store, avant de supprimer le compte développeur d’Epic, une mesure d’autant plus exceptionnelle que l’éditeur avait préparé une campagne médiatique et judiciaire d’ampleur en espérant faire plier la firme de Cupertino.
Trois ans et trois procès plus tard, Epic a perdu dans les grandes largeurs, Apple refusant même de restaurer son compte développeur. Les choses en seraient restées là sans l’intervention de l’Union européenne, dont le DMA exige l’ouverture des plateformes des « contrôleurs d’accès », ces entreprises numériques incontournables. Contrainte et forcée, Apple doit autoriser l’ouverture de boutiques tierces… mais elle nécessite un compte développeur en bonne et due forme.
La firme de Cupertino n’avait probablement aucun intérêt à empêcher Epic de tirer parti de la législation européenne, ses propositions de conformité devant encore être étudiées par le régulateur. Tim Sweeney avait salué la validation du compte Apple Developer de sa filiale suédoise comme « un geste de bonne foi », le patron d’Epic promettant de proposer sa propre boutique sur l’iPhone avant la fin de l’année. Les choses auraient dû en rester là, jusqu’à l’intervention de Phil Schiller,
Dans un courrier électronique envoyé à Sweeney, l’ancien directeur du marketing mondial de la firme de Cupertino, parti en préretraite avec le titre d’Apple Fellow en charge de la politique de l’App Store, s’inquiétait que les « critiques acerbes de notre plan de conformité au DMA, ainsi que les violations intentionnelles des dispositions contractuelles avec lesquelles Epic était en désaccord par le passé, suggèrent fortement qu’Epic Sweden n’a pas l’intention de suivre les règles. »
« Epic et ses filiales agissent de bonne foi », avait répondu Sweeney, « et respecteront les termes présents et futurs des accords avec Apple ». Apple avait rétorqué en bloquant le compte développeur de la filiale suédoise de l’éditeur, malgré la discussion en cours entre les cadres des deux entreprises sur les modalités d’applications du DMA. L’intervention de la Commission européenne aura été décisive, comme l’explique Epic :
Apple nous a dit et s’est engagé auprès de la Commission européenne à rétablir notre compte développeur. C’est un signal fort pour les développeurs : la Commission européenne agira rapidement pour faire appliquer la loi sur les marchés numériques et tenir les gardiens pour responsables. Nous avançons comme prévu pour lancer l’Epic Games Store et rétablir Fortnite sur iOS en Europe. En avant !