Installation d’applications hors de l’App Store, systèmes de paiements alternatifs, accès aux API… À quoi va ressembler un iPhone sous l’ère du DMA, la législation européenne qui entend insuffler de la concurrence et de l’équité sur les grandes plateformes ? À un mois et demi de la date fatidique, Apple vient de dévoiler son grand plan.
La mise en conformité représente plus de 600 changements à travers les API, les outils de statistiques ou encore son navigateur, indique Apple. La grande bascule arrivera avec iOS 17.4, dont la version finale est attendue en mars. Seuls les utilisateurs européens seront concernés par ces bouleversements.
Boutiques d’apps tierces
Contrainte et forcée, Apple va permettre la distribution d’applications iOS depuis des boutiques d’apps tierces. Elle va pour cela mettre à disposition des API et des outils supplémentaires permettant aux développeurs de distribuer leurs apps sur ces boutiques, ainsi que de créer ces fameuses boutiques tierces. Meta et Microsoft avaient déjà fait part de leur intérêt.
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Cette ouverture sera néanmoins très contrôlée. Prenant comme justification la sécurité des utilisateurs, Apple annonce que les apps iOS devront toutes être notariées, comme c’est déjà le cas depuis quelques années pour les apps macOS. Ce processus de certification sera à la fois automatique et soumis à un contrôle humain. Et avant de télécharger une app en dehors de l’App Store, une fiche d’identité de l’app (liée à sa notarisation) sera forcément présentée à l’utilisateur. Les développeurs qui voudront ouvrir leur propre boutique d’apps devront aussi obtenir une autorisation spéciale d’Apple.
Les applications pourront être distribuées aussi bien sur l’App Store uniquement, que sur une boutique tierce uniquement ou même que dans plusieurs boutiques à la fois (il faudra que ce soit la même version de l’app partout). Il n’est pas question en revanche de téléchargement direct depuis le site d’un éditeur, seules les installations depuis une boutique tierce sont prévues.
Fin de l'hégémonie de WebKit
Apple se résigne également à autoriser sur sa plateforme des navigateurs ayant un autre moteur que WebKit. Chrome pourra donc utiliser Blink et Firefox son moteur Gecko, un changement aussi historique que l’ouverture de la distribution des apps. Google prépare depuis quelque temps une version iOS de Chrome avec son moteur maison. Là encore, Apple veillera au grain, avec un système de validation préalable.
De plus, lors de la première ouverture de Safari sur iOS 17.4, Apple présentera aux utilisateurs une fenêtre les invitant à choisir leur navigateur par défaut.
Paiements tiers sur l’App Store
Concernant les apps disponibles sur l’App Store, Apple va permettre aux développeurs d’intégrer d’autres solutions de paiement. Cette ouverture sera également très encadrée, avec notamment une vérification de la part d’Apple des intégrations et un message prévenant l’utilisateur de la nature de la transaction.
Ouverture de la NFC
Apple avait annoncé précédemment qu’elle allait également ouvrir la NFC de l’iPhone, réservée jusque-là à Apple Pay. Les apps de paiement pourront se servir de la puce NFC sans passer par Apple Pay ni l’app Cartes.
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Commissions
Apple indique que les développeurs pourront choisir d'adopter les nouvelles conditions commerciales ou de rester sur les conditions existantes (commission fixe de 30 % ou de 15 % pour les « petits » développeurs). Les nouvelles conditions sont celles qui couvrent tous les changements listés ci-dessus. Sous les nouvelles conditions, la commission prise par Apple sur les achats des apps distribuées par l’App Store est de 17 % (ou 10 % pour les petites entreprises). Il faut ajouter à cela une commission de 3 % si l’achat est effectué avec le système de paiement d’Apple. Le total, 20 % donc, reste inférieur à la commission actuelle de 30 %.
Mais il y a une nouvelle subtilité. Apple ajoute un « Core Technology Fee » de 0,50 € pour chaque première installation annuelle au-delà du seuil d’un million d'installations par an. Les apps distribuées hors de l’App Store échappent aux frais d’Apple, à l’exception du Core Technology Fee. Par exemple, un développeur qui distribue son app sur un store alternatif exclusivement ne paiera rien à Apple… À condition de ne pas dépasser le seuil annuel du million d'installations. Les propriétaires des autres boutiques pourront évidemment instaurer leurs propres commissions.
Pour aider les développeurs à s’y retrouver dans ce méli-mélo, Apple met à disposition une calculette des frais bien utile…