Face à la période de turbulence que subit Twitter depuis qu'Elon Musk est aux manettes, certains se frottent les mains. Si différents clones ont eu leur quart d'heure de gloire avant de retomber dans l'oubli, c'est principalement la plateforme décentralisée Mastodon qui a profité de ce moment de faiblesse : elle est passée de 380 000 utilisateurs à 2,5 millions en quelques mois. Une belle histoire qui n'est pas tombée dans l'oreille d'un sourd, Meta venant d'annoncer travailler sur sa propre plateforme similaire.
« Nous étudions la possibilité d'un réseau social décentralisé autonome pour le partage de statuts textuels », a expliqué un porte-parole à MoneyControl. « Nous pensons qu'il existe une opportunité pour un espace séparé où les créateurs et les personnalités publiques peuvent partager des mises à jour sur leurs intérêts ». Le site dit avoir pu consulter une copie d'un briefing interne détaillant les caractéristiques de l'app. Il ajoute ne pas être sûr que le produit ait passé le stade du concept et soit entré en développement.
Le projet aurait pour nom de code interne P92 et serait lié à Instagram (on pourrait s'y connecter grâce à son compte). Il reposerait sur le standard ouvert pour réseaux sociaux décentralisés ActivityPub, utilisé par Mastodon et les autres applications du Fediverse. Il devrait donc être interopérable avec Mastodon.
Platformer ajoute que c'est le chef d'Instagram Adam Mosseri qui serait chargé du projet. L'entreprise serait en train de mettre son service judiciaire sur le coup pour évacuer les problèmes de confidentialité avant que l'app ne soit dévoilée au public. Aucune fenêtre de sortie n'a été avancée pour le moment.
L'idée d'une plateforme de ce genre faite par Meta pose de nombreuses questions : l'aspect décentralisé implique que les utilisateurs devraient pouvoir créer leurs propres serveurs et appliquer leurs propres règles de modérations. L'aspect ouvert sur le Fediverse changerait radicalement par rapport à la philosophie habituelle de Meta, qui a toujours consisté à garder ses utilisateurs dans un écosystème fermé.
Cette annonce n'est pas vraiment surprenante tant Meta a l'habitude de copier ce qui marche à droite à gauche. L'entreprise s'est par exemple approprié les stories de Snapchat, le flux gaming de Twitch ou encore l'aspect rencontre de Tinder. L'entreprise met depuis quelque temps les bouchées doubles sur les Reels, son format vidéo court pompé sur TikTok. Il n'y a pas de raison de s'emballer étant donné qu'elle enterre souvent ses apps un peu expérimentales qui ne prennent pas, comme Poke, Camera, Tuned, Hobbi, Lasso…