L'inquiétude monte en Europe concernant TikTok, dont la popularité et la proximité supposée avec le pouvoir de Pékin incitent les autorités européennes à mettre en place des interdictions pures et simples de l'application. Les fonctionnaires et les employés de la Commission européenne ont jusqu'au 15 mars pour supprimer l'app de leurs smartphones et tablettes professionnels, ainsi que sur leurs appareils personnels si ces derniers embarquent aussi des applications destinées à un usage professionnel, comme par exemple une messagerie.
Il s'agit d'une « suspension provisoire », d'après l'exécutif européen, qui vise à « protéger la Commission contre les cybermenaces ». Le Conseil européen, qui réunit les chefs d'État et de gouvernement des 27, va prendre une mesure semblable, tandis que le Parlement européen pourrait formuler des recommandations similaires.
TikTok a une réputation épouvantable, dans l'UE comme aux États-Unis où le téléchargement et l'utilisation de l'application sont tout simplement interdits à tous les fonctionnaires fédéraux. ByteDance, la maison-mère chinoise du réseau social, a confirmé en novembre dernier que les données des utilisateurs européens étaient bien accessibles depuis la Chine ; en décembre, des employés de l'entreprise ont été licenciés après avoir espionné des journalistes américains.
TikTok fait également l'objet d'une enquête du régulateur irlandais de la protection de la vie privée, en raison d'une infraction potentielle au règlement général pour la protection des données (RGPD). L'application déplore sa suspension chez les fonctionnaires de la Commission et sollicite une réunion « afin de rétablir la vérité et expliquer comment nous protégeons les données de 125 millions d'utilisateurs à travers l'Europe ». ByteDance doit implanter trois centres de données sur le sol européen pour éviter que les données des utilisateurs du vieux continent se retrouvent exposées à des yeux indiscrets.
Source : AFP