Arte veut continuer de grossir, et pourquoi pas devenir le pendant européen de Netflix. Le président de la chaîne a récemment été interviewé par plusieurs médias, où il explique vouloir faire avancer la plateformisation de la chaîne pour l'aider à élargir son public. Pour Bruno Patino, mettre l'accent sur les contenus européens portant les valeurs du continent est important à l'heure de la guerre en Ukraine.
Selon lui, l'aspect linéaire de la TV ne doit plus être sacralisé, l'important étant que les spectateurs trouvent le chemin d'Arte. « Nous ne sommes plus une chaîne. Nous sommes un bouquet de propositions éditoriales » a-t-il déclaré à Ozap. Peu importe si cela passe par un téléviseur, la plateforme ou les chaînes sociales : le groupe est d'ailleurs présent sur YouTube, TikTok ou encore Twitch.
L'ambition est de faire grandir la plateforme qui se veut « de haute qualité » mais aussi « éditorialisée et contextualisée ». Le but n'est donc pas de faire des saisons pour des saisons, mais plutôt de viser la qualité. La chaîne compte mettre un coup d'accélérateur sur ses productions européennes et a signé des partenariats avec des diffuseurs nationaux en Lituanie et en Espagne.
« Arte a tout ce qu'il faut pour devenir une grande plateforme européenne », assure-t-il auprès de Politico. Disponible en 6 langues, Arte dispose de 8 000 heures de programmes en Allemagne et en France. La plateforme est aussi proposée dans quatre autres langues, avec entre 450 et 500 heures de programme.
Malgré ce vœu pieux, la plateforme reste limitée par son budget. « Nous ne sommes pas Netflix, nous n'avons pas quelques milliards à donner chaque année pour des séries. », explique Bruno Patino. Arte France investit 31 millions d'euros par an dans la fiction. Ce budget stagne alors que les ressources en provenance de l'État sont en diminution. En face, Netflix a dépensé 17 milliards de dollars dans du contenu en 2021.
Le modèle économique des deux entités n'est évidemment pas les mêmes : là où Netflix peut compter sur ses abonnés, Arte vit de subventions et de partenariats. La fin de la redevance TV fait craindre une baisse des revenus. Un autre problème est que la disponibilité de ses programmes est aussi compliquée à cause des lois européennes sur les droits de diffusions, qui limitent son déploiement.