Aux États-Unis, au Japon, en Europe… Les enquêtes antitrust pleuvent sur Apple depuis quelques années. Si ces procédures sont souvent longues, certaines touchent enfin à leur fin : c'est le cas de celle qu'a ouvert le régulateur britannique l'année dernière. La CMA (Competition and Markets Authority) vient de publier le compte-rendu de son étude de marché sur la boutique d'Apple. Elle considère que l'utilisation forcée de WebKit et le bannissement des apps de cloud gaming sont des pratiques anticoncurrentielles.
Sur iOS, les apps de cloud gaming sont quasiment interdites sur l'App Store étant donné qu'Apple impose des règles très strictes aux développeurs, leur demandant entre autres de proposer chaque jeu comme une application différente. Les entreprises n'ont eu d'autre choix que d’offrir à leurs utilisateurs une web app, ce qui est logiquement moins efficace qu'un programme natif.
Ces web apps causent plusieurs soucis, et le fait qu'elles ne soient pas distribuées sur l'App Store amène un problème de visibilité. Si l'utilisateur lambda a l'habitude de télécharger ses apps sur la boutique d'Apple, il n'est généralement pas familier avec le concept de web app. Il risque donc d'avoir des problèmes pour trouver le programme et l'installer.
Côté technique, ce n'est pas non plus la panacée : le développeur de Google Alex Russel a publié l'année dernière une longue liste de ce que les web app iOS ne peuvent pas faire. L'absence d'accès à certaines API d'Apple influe notamment sur les performances, ce qui est très contraignant dans le cadre du cloud gaming.
Le régulateur conclut que cette interdiction est anticoncurrentielle. Il note que « les applications de jeux sont une source essentielle de revenus pour Apple » et que « les services de jeux dans le nuage pourraient constituer une réelle menace pour la position forte d'Apple dans la distribution d'applications ». Il ajoute qu'en empêchant ce secteur de se développer, « Apple risque de priver les utilisateurs mobiles de tous les avantages du cloud gaming ».
Autre élément estimé comme étant anticoncurrentiel : l'obligation pour les développeurs de passer par WebKit. Si on peut trouver sur l'App Store plusieurs navigateurs tiers (Chrome, Firefox, Brave), ils reposent tous sur la même API gérée par Apple. Si Apple défend cette limitation en utilisant l'argument de la sécurité, la concurrence ne le voit pas de cet œil-là. Elle pointe notamment certaines lacunes de WebKit qu'elle ne peut pas réparer plus vite que Cupertino, ou encore des fonctions que la Pomme réserve à Safari.
LA CMA explique donc craindre « que cela ne limite considérablement la possibilité pour les navigateurs concurrents de se différencier de Safari, par exemple sur des caractéristiques telles que la vitesse et la fonctionnalité». En début d'année, un trio de développeurs web Britannique a lancé l'Open Web Advocacy, une initiative ayant pour but d'inciter Apple à ouvrir iOS et à laisser la porte ouverte aux alternatives à WebKit.